Le sauvetage de Credit Suisse devait aller vite. Si vite que la Finma, l'autorité de surveillance des marchés financiers, a approuvé la fusion entre les deux grandes banques UBS et Credit Suisse en mars 2023 – et a freiné la Commission de la concurrence (Comco). Celle-ci examine normalement chaque fusion de manière approfondie. Si elle constate une «position dominante» qui nuit à la concurrence, les autorités peuvent interdire la fusion ou imposer des conditions.
Ça n'a pas été le cas dans l'opération UBS-Credit Suisse: une procédure d'urgence réglée par la loi sur les cartels a été utilisée. L'article 10 stipule qu'en cas de fusion de banques, l'autorité de surveillance des marchés financiers peut se substituer à la Comco dans l'intérêt de la protection des créanciers. C'est pourquoi la présidente de la Comco, Laura Baudenbacher, a pu adresser une prise de position à la Finma seulement après coup.
Ce document contenant les recommandations détaillées de la Comco se trouve depuis des mois à la Finma. Comme l'a communiqué l'agence de presse Reuters, la présidente de la Comco y suggère une étude approfondie du pouvoir de marché de la nouvelle «banque monstre». Certains aspects doivent être examinés de plus près, par exemple la domination d'UBS sur le marché des obligations.
Dans une interview accordée à CH Media (éditeur de watson) il y a un an, Laura Baudenbacher expliquait pourquoi une analyse détaillée est nécessaire:
Le Surveillant des prix Stefan Meierhans siège d'office à la Commission de la concurrence avec une voix consultative et a donc également participé à l'élaboration du rapport. Il reste silencieux sur le contenu du document et sur ses exigences. Mais il annonce déjà qu'à l'avenir, il surveillera de près UBS.
Il se réfère à cet égard au droit en vigueur. La loi sur la surveillance des prix stipule en effet que le Surveillant des prix peut intervenir sur les tarifs des entreprises en position de force sur un marché, si la concurrence ne joue pas suffisamment. Si, par exemple, la puissante UBS devait soudainement exiger des taux d'intérêt excessifs de la part des entreprises qui lui empruntent de l'argent, parce qu'elle n'a plus à craindre la concurrence, Stefan Meierhans – alias Monsieur Prix – pourrait intervenir.
Le secteur bancaire suisse devrait prochainement figurer en tête de la liste des priorités du Surveillant des prix. Jusqu'à présent, il n'est intervenu que sporadiquement sur ce marché; il s'est surtout occupé des frais bancaires. Quelques dizaines de plaintes lui parviennent chaque année. Récemment, Stefan Meierhans a critiqué le fait que les banques ne revoient pas à la baisse les frais bancaires qu'elles ont toujours augmentés ces dernières années, et ce malgré des revenus d'intérêts plus élevés.
Néanmoins, Monsieur Prix a constaté dans les observations de marché effectuées jusqu'à présent que la concurrence fonctionne au niveau des banques:
Cette estimation est-elle encore valable après l'effondrement de Credit Suisse? Cette question restera ouverte jusqu'à la publication du rapport de la Comco. Interrogée, la Finma a répondu que «l'examen des effets de la concentration sur la concurrence» était en cours. La Comco entend publier son évaluation après la décision de la Finma.
Traduit et adapté par Tanja Maeder