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Des taxis sans chauffeur débarquent en Suisse grâce aux CFF

La STL Line 13 du Swiss Transit Lab. Fin avril 2023, une ligne pilote a été mise en service dans le centre-ville de Schaffhouse entre la gare et la zone de développement Stahlgiesserei.
Avec la STL Line 13, le Swiss Transit Lab franchit une nouvelle étape dans le développement de la mobilité automatisée dans les transports publics.Image: swiss transit lab

Des taxis sans chauffeur débarquent en Suisse grâce aux CFF

L'entreprise Swiss Transit Lab lance un essai pilote de taxis autoguidés. Il se déroulera en collaboration avec les CFF et le canton de Zurich et porte sur une technologie chinoise. Explications.
27.03.2025, 20:5827.03.2025, 20:58
Bruno Knellwolf / ch media
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Des taxis sans chauffeur circuleront prochainement en Suisse. Comme pilotés par une main invisible, les véhicules se déplaceront de manière autonome dans le trafic routier. Derrière ce projet se trouve la société Swiss Transit Lab, qui lance un essai pilote avec le canton de Zurich et les CFF. Christine Mauelshagen de Swiss Transit Lab et Andreas Herrmann, directeur de l'Institut de la mobilité de l'Université de Saint-Gall, nous expliquent comment ça fonctionne.

Où les taxis autonomes seront-ils utilisés?

Les véhicules ne circuleront que dans une zone limitée du canton de Zurich. Christine Mauelshagen, de Swiss Transit Lab, explique:

«Le projet démarre à Otelfingen, Boppelsen, Hüttikon et Dänikon. La zone de test sera progressivement étendue aux autres communes de Buchs, Dällikon et Regensdorf.»

Dans une première phase, il y aura quatre voitures automatisées en circulation. Puis, dès que possible, Swiss Transit Lab souhaite compléter l'offre par des minibus. On pourra commander un trajet à l'aide d'une application payante. Un véhicule viendra ensuite chercher les passagers à un point d'arrêt défini et les conduira à la destination souhaitée.

Combien coûtera un trajet?

Le prix exact n'est pas encore connu. Il se basera sur les coûts des transports publics et des offres à la demande comparables.

Quelle sera la vitesse maximale autorisée?

Les véhicules rouleront aux vitesses standard en vigueur, selon le trajet. Cela signifie qu'ils peuvent s'adapter à la situation du trafic comme le ferait un chauffeur humain.

Quels véhicule et système seront utilisés?

Il s'agit du modèle Ariya électrique de Nissan et de la technologie de l'entreprise technologique WeRide. Elle est l'une des leaders du marché, avec des projets aux Etats-Unis, à Dubaï, à Singapour, en Chine et à l'aéroport de Zurich pour les navettes de bus. Enfin, c'est la société ioki, filiale de la Deutsche Bahn basée à Francfort, qui fournit l'application pour les passagers et le logiciel à la demande.

Les taxis seront-ils entièrement autonomes?

Dans un premier temps, les taxis ne feront qu'explorer les environs. Cela signifie que la première étape est ce que l'on appelle une «cartographie de la région». Dès les prochaines semaines, ils permettront ainsi d'enregistrer des données relatives aux trajets.

Dans un deuxième temps, on les verra avec un chauffeur «de sécurité» derrière le volant.

Troisième étape: la conduite avec un passager de sécurité sur le siège passager.

Quatrième et dernière étape: le fonctionnement automatisé. Les véhicules sont supervisés par un centre de contrôle de sécurité. Ils devraient accueillir leurs premiers clients à partir de l'automne.

Conduire sans chauffeur: est-ce autorisé?

A partir de mars 2025, cela sera possible sur certains tronçons, autorisés et placés sous surveillance. Christine Mauelshagen explique:

«Le projet dans la vallée de Furt sera mené indépendamment de cela, en tant que projet pilote»

Une demande d'autorisation a été déposée à cet effet auprès de l'Office fédéral des routes.

Comment surveiller?

Un centre de contrôle de sécurité veille au grain et peut intervenir si nécessaire. Les taxis reconnaissent leur environnement grâce à l'utilisation de différents capteurs (lidar, GPS et caméras), qui assurent une navigation sans danger.

Grâce à des algorithmes embarqués, le véhicule apprend en permanence et s'adapte aux modifications de l'environnement, comme les chantiers ou les nouveaux panneaux de signalisation. La mise à jour est constante, la réactivité garantie. Depuis l'habitacle, il est possible d'entrer en contact avec un surveillant de sécurité. Les passagers peuvent par ailleurs interrompre le trajet à tout moment et quitter le véhicule en cas d'urgence.

Ces taxis sont-ils réellement sûrs?

La plupart des accidents sont liés à une erreur humaine, par exemple l'inattention due à l'utilisation d'un téléphone portable, à la fatigue, à l'alcool ou à une vitesse excessive.

Dans le domaine de la conduite automatisée, on a récemment observé d'impressionnants progrès technologiques. On considère donc déjà les véhicules automatisés comme plus sûrs que les traditionnels. Andreas Herrmann assure:

«Des données américaines montrent que les autonomes sont plus sûrs que les Uber»
Andreas Herrmann, directeur de l'Institut de la mobilité de l'Université de Saint-Gall.

Les accidents n'ont pas complètement disparu pour autant. General Motors a dû retirer la flotte de sa filiale Cruise de la circulation il y a un an. Les voitures autonomes de Waymo et Cruise ont provoqué 102 accidents en Californie sur 10 millions de kilomètres parcourus. Cela correspond à un accident tous les 100 000 kilomètres.

La conduite autonome est-elle numériquement sécurisée?

Christine Mauelshagen détaille:

«Dans le projet pilote zurichois, nous faisons appel à des spécialistes suisses reconnus qui vérifient et documentent en permanence le respect de nos exigences élevées en matière de protection des données et de cybersécurité.»

Prévu en avril, un premier test pratique sur un terrain privé permettra de valider le respect du processus en la matière. Christine Mauelshagen poursuit:

«Nous attendons de valider ces essais et de pouvoir garantir la protection des données avant d'investir l'espace public»

Le professeur Andreas Herrmann affirme que les fournisseurs chinois doivent se conformer au droit suisse ou européen. Mais un petit malaise s'installe au vu du manque d'alternatives ailleurs sur la planète.

Traverser Zurich en taxi autonome: est-possible?

«La technologie a tellement évolué que cela semble désormais réalisable. Nous avons pu le constater par nous-mêmes lors d'essais de conduite en Asie et aux Etats-Unis», répond Christine Mauelshagen.

Andreas Herrmann ajoute que l'exemple de Waymo à San Francisco prouve qu'un trajet à Bellevue serait techniquement possible. «Mais ce n'est pas parce qu'on saurait le faire que cela a forcément un sens», tempère le représentant de Swiss Transit Lab.

Les zones avec le plus grand potentiel

Jusqu'à présent, la plupart des essais pilotes ont eu lieu dans des villes. Les partenaires de la démarche, à savoir les CFF, estiment que le potentiel des véhicules automatisés pour les transports publics se situe surtout dans les zones rurales et les agglomérations.

Objectif: améliorer l'accès aux transports publics. La vallée de la Furt zurichoise se prêterait parfaitement au projet en raison de la diversité de son habitat, de sa taille et de son réseau de transports publics composé d'une ligne centrale de RER.

WeRide comparable aux systèmes américains?

WeRide a été fondé aux Etats-Unis, où il dispose d'un département de R&D et d'une licence pour des essais. Il ne propose cependant pas d'offre commerciale dans ce pays. «Sa maturité technologique est comparable à celle des principaux fournisseurs américains», estime Christine Mauelshagen.

WeRide a toutefois déjà recouru à des bus robotisés dans le cadre d'une exploitation commerciale, ce qui n'est pas le cas du système américain.

Les autres fournisseurs de véhicules autonomes

Aux Etats-Unis, c'est Waymo qui domine, et circule dans San Francisco avec des véhicules autonomes. Le fournisseur Mobileye a, lui, un projet dans un quartier périphérique d'Oslo. A Shanghai, Baidu conduit également des véhicules autonomes, sur des autoroutes et dans des rues étroites. Très impressionnant, confie Herrmann.

Qui finance quoi?

Le canton de Zurich apporte une enveloppe initiale de 3,8 millions. Les CFF financent le projet sur une durée maximale de cinq ans, à raison d'un million de francs par an.

(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)

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