Ils veulent taxer les «super-riches» suisses pour sauver le climat
Les «super-riches détruisent le climat et la démocratie. Ils doivent passer à la caisse pour la lutte contre la crise climatique», selon la Jeunesse socialiste (JS). Elle a défendu jeudi son initiative populaire fédérale «pour l'avenir».
Le texte demande un impôt de 50% sur les successions à partir d'un montant exonéré de 50 millions pour financer la transformation écologique de l'économie suisse. Ces sommes seraient versées pour deux tiers à la Confédération et pour un tiers aux cantons. De mesures visant à empêcher l'évasion fiscale sont prévues. La JS parle d'un «financement socialement équitable de la protection du climat».
Les ultra-riches détruisent notre avenir avec leurs jets privés, leurs super-yachts et leurs investissements de plusieurs milliards nuisibles au climat, assurent les initiants. En quelques heures, elles et ils sont responsables de plus d’émissions que nous pendant notre vie entière.
Les dix familles les plus riches de Suisse produisent autant d'émissions que 90% de la population. C'est donc à eux qu'il revient de payer pour lutter contre la crise climatique, estime la JS. Il n'est pas acceptable que la population soit la seule à payer la note.
L'écart «démentiel» entre le monde du travail et les fortunes héritées avait déjà été pointé du doigt samedi par Adrien Rastello, secrétaire de la JS Genève et infirmier lors d'une conférence de presse en Suisse romande.
La crise climatique dans le système économique
Avec l'initiative, six milliards de francs seraient disponibles chaque année pour la protection du climat. La Suisse fait actuellement trop peu pour le climat et la protection de la population contre les conséquences du changement climatique, a déclaré Lisa Mazzone, la présidente des Vert-e-s. Les auteurs de l'initiative «pour une politique climatique sociale financée équitablement par l'impôt (initiative pour l'avenir)» situent les causes de la crise climatique dans le système économique.
Julia Steinberger, professeure spécialisée dans les défis sociaux liés au changement climatique à l'Université de Lausanne, a déclaré que l'inégalité des richesses et la concentration du pouvoir permettaient à une minorité de détruire la stabilité du climat. Selon Irmi Seidel, professeure titulaire et économiste à l'Université de Zurich, la situation actuelle n'a pas d'avenir.
Il faut un virage à 180 degrés et une transformation durable de l'économie. Actuellement, trop peu d'investissements sont réalisés pour réduire les émissions de polluants et atteindre les objectifs climatiques de l'Accord de Paris.
Ce tournant est important pour les travailleurs, a déclaré Christian Dandrès, président du syndicat SSP et conseiller national (PS/GE). La crise climatique touche les travailleurs au quotidien, ses effets sont directement perceptibles pour des groupes entiers d'entre eux.
Une attaque contre le fondement démocratique
Les inégalités croissantes en matière de fortune alimentent le changement climatique, la plus grande crise actuelle, a déclaré David Roth, vice-président du PS et conseiller national (LU). Selon lui, 74% des personnes interrogées dans le cadre d'un sondage de l'institut de recherche gfs.bern ont qualifié l'influence des milliardaires de plus grand danger pour la politique et la société.
Le pouvoir économique se traduit par une influence politique – au détriment de la majorité, a expliqué Roth. Il s'agit d'une attaque contre le fondement démocratique de la Suisse.
Samedi en Suisse romande, les jeunes socialistes ont déjà souligné que «l’inégalité des richesses mine notre démocratie. «La redistribution n’est pas une option, mais une condition pour un avenir équitable», a avancé Emma Gossin, députée socialiste au Grand Conseil neuchâtelois et coprésidente de la JS Neuchâtel.
L'initiative sera soumise au vote populaire le 30 novembre. Le Conseil fédéral, le Parlement, les partis bourgeois et les associations économiques rejettent l'initiative. Le PS et les Vert-e-s la soutiennent. (jzs/ats)