Enfin! Être une femme, ou une personne menstruée au sens large, me coûtera un peu moins cher. Le Conseil des Etats a rejoint le National et accepté ce mardi d'abaisser le taux de la TVA des produits menstruels de 7,7% à 2,5%. Tampons et autres serviettes seront ainsi taxés au même titre que les produits dits de première nécessité. Le résultat aux Etats était attendu, mais tout de même. Rappelons que la proposition avait été adoptée au National en mai dernier après un débat nourri et contre l'avis de l'UDC et d'une partie du PLR.
Comme le soulignaient les initiants dans leur texte, il s'agissait de corriger une inégalité, particulièrement absurde si l'on compare ce qui est taxé à 2,5%. C'est le cas notamment de... la litière pour chats. Savoir que j’étais moins bien lotie qu’un chat au moment de passer à la caisse avec ma boîte de tampons, ça me donne envie de mordre.
C'est une jolie avancée au pays des petits pas, même si les économies pour les personnes concernées se compteront en centimes. Mais saluons le symbole, être pourvue d'un vagin ne sera plus taxé de manière aussi ridicule qu'auparavant.
Car on parle d'une baisse de taxes, mais pas d'une suppression de celles-ci pour autant. Pourtant, d'autres pays ont sauté le pas: l’Irlande, le Kenya, l’Australie, le Nicaragua, le Canada et j’en passe. On se contentera d'une TVA à 2,5% en Suisse. Pour l'instant.
D'autres initiatives ont vu le jour, et on peut s'en réjouir. En Suisse romande, les cantons de Vaud, de Genève, du Jura et de Neuchâtel par exemple distribuent gratuitement des protections dans les écoles.
Le Valais, lui, avait d'abord rejeté une telle proposition en 2020, avant d'entrer en matière en 2022, mais en surévaluant les coûts (un million de francs!). Preuve, s'il en fallait encore encore une, que personne ne sait réellement combien coûte une boîte de tampons ou une culotte menstruelle (sauf les personnes concernées). Le Valais est finalement revenu sur ses chiffres en décembre dernier.
Le coût total d'une telle mesure devrait avoisiner les 40 000 francs par année. On est loin du million. Le canton va mener un test dans quatre établissements.
Ici ou là, on voit éclore des mesures liées aux mensurations. En Espagne, un congé menstruel vient d'être adopté, tandis qu'une mesure similaire est en test à Zurich. Si l'intention est bonne, elle pourrait aussi favoriser la discrimination. Mais au moins, on teste, on tente. Et on en parle. Et on démystifie. Un peu.
Car c'est avant tout un tabou qui demeure. En 2023, dans un pays occidental. Combien de collègues vous disent ouvertement avoir leurs règles? Pouvez-vous le dire sans gêner ou sans l'être vous-même? Pouvez-vous lâcher un petit «il faut éviter de m'emmerder aujourd'hui, j'ai mal au dos, j'ai mes règles»? Chez watson, je peux. Ailleurs, j'en ai mis quelques-uns mal à l'aise. Parce que j'ai l'outrecuidance de saigner tous les mois.
De toute façon, tant qu’on continuera de nous faire croire dans la publicité que le sang des règles est bleu, il y aura encore du boulot. À ce sujet, la marque Nana avait fait grand bruit lorsqu'elle avait matraqué les chaînes télé françaises de spots où ses serviettes étaient tachées de sang rouge. En 2018. Soit il y a à peine cinq ans, pour celles et ceux qui sont aussi doués en calculs que le Conseil d'Etat valaisan.
Une femme qui saigne tous les mois, ça n'est pas sale, ça n'est pas tabou, c’est juste la preuve que son corps fonctionne. Et je ne suis pas désolée si ça vous gêne. Un corps qui fonctionne, on ne peut que s’en réjouir. Pour un pays qui fonctionne vraiment, on va attendre encore un peu.
À quand un progrès plus significatif que les quelques centimes que je vais économiser de manière symbolique? À quand la fin du tabou? À quand le remboursement ou la gratuité totale des tampons? À quand des mesures qui encouragent les personnes qui saignent à opter pour des produits réutilisables, comme des culottes menstruelles, lavables en machine?
Merci d'avoir baissé la taxe de mes tampons de 7,7% à 2,5%. Mais ça n'est qu'un petit pas. Une victoire d'étape sur une route encore bien longue.
Pour inciter les femmes à voter aux midterms, une tiktokeuse américaine avait mis sur pied un quiz à destination des messieurs. Le but: sonder leurs connaissances en matière de santé féminine.