Le Conseil fédéral se «masculinise» encore davantage. Ils seront désormais cinq hommes et de deux femmes à se partager les sept fauteuils. La dernière fois que cela s'est produit, c'était entre 2006 et 2007, lorsque Micheline Calmy-Rey et Doris Leuthard gouvernaient au milieu de cinq hommes. Il y a 19 ans, donc. Avant cela, Micheline Calmy-Rey avait même été la seule femme du collège durant deux ans.
Les femmes restent nettement sous-représentées en politique suisse. Aussi bien au Conseil fédéral qu'à d'autres niveaux et dans d'autres organes. Avec l'élection de Martin Pfister mercredi, le taux de femmes au Conseil fédéral tombe à environ 28%.
On avait observé une tendance similaire au Parlement lors des dernières élections. En 2019, la proportion de femmes au Conseil national a atteint son niveau le plus élevé à ce jour, soit 42%. Avant de rechuter à seulement 38,5% en 2023.
Le magazine britannique The Economist compare les conditions de travail des femmes dans 29 des 38 pays de l'OCDE à l'aide du Glass-Ceiling-Index. Et, sans surprise, la Suisse obtient un mauvais résultat. Si les femmes manquent en politique, elles ont aussi de la peine à faire entendre leur voix sur les questions d'égalité.
Un coup d'œil sur l'évolution du Glass-Ceiling Index depuis 2016 montre qu'en neuf ans, la Suisse - et son marché du travail - n'ont pas beaucoup évolué. Notre pays occupe la 26e place du classement depuis 2013. Seuls le Japon, la Corée du Sud et la Turquie sont encore plus mal classés.
Les catégories d'âge de la population sont elles aussi mal représentées au gouvernement. Ses membres actuels ont entre 57 et 65 ans. A 61 ans, Martin Pfister se situe donc parfaitement dans la moyenne. Le succès des équipes diversifiées n'est pourtant plus à démontrer, comme en témoignent de nombreuses études. C'est bien la diversité des perspectives et des approches qui fait la différence dans un travail collectif.
Dans une société démocratique, le pouvoir politique devrait en théorie refléter la population, dans son genre et sa diversité. Si la moitié de la population n'est pas représentée à l'échelle nationale, c'est que quelque chose cloche.
Quatre jours après la Journée internationale des droits des femmes, le Parlement prouve à toutes les jeunes femmes du pays que le chemin vers l'égalité sera encore long. Car après l'élection de Martin Pfister, une certitude demeure: en Suisse, le conseiller fédéral type est un homme, conservateur, d'une soixantaine d'années.
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)