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Pédiatrie: les hôpitaux suisses en crise après une erreur

La Suisse fragilise ses hôpitaux pédiatriques avec une réforme mal calibrée.
La Suisse fragilise ses hôpitaux pédiatriques avec une réforme mal calibrée.Image: watson

«Les enfants payeront les pots cassés»: les hôpitaux suisses en crise

Les conséquences des nouveaux tarifs ambulatoires pour les hôpitaux pédiatriques sont sous-estimées. Une erreur de calcul creuse des trous financiers supplémentaires dans un domaine délicat des soins au sein de tous les services d'urgence de Suisse.
02.06.2025, 05:2902.06.2025, 05:29
Léonie Hagen / ch media
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A partir de janvier 2026, la Suisse introduira un nouveau système tarifaire pour la médecine ambulatoire. Celui-ci a comme but de renforcer et mieux financer les médecins de famille et la médecine pédiatrique. Il s'avère maintenant que le nouveau système met justement les hôpitaux pédiatriques encore plus en difficulté qu'ils ne l'étaient déjà.

En effet, les outils de simulation disponibles contenaient une erreur de calcul, écrit l'association faîtière des hôpitaux pédiatriques Allkids. Cette erreur aurait dissimulé le fait que les nouveaux tarifs pour les traitements d'urgence ambulatoires entraîneront des déficits massifs dans les hôpitaux.

La prochaine révision du système tarifaire est prévue pour 2027. Mais Allkids considère que ce serait trop tard et qu'il faut prendre des mesures immédiatement, dès l'introduction des tarifs dans sept mois. Sinon, les hôpitaux pour enfants connaîtront une situation intolérable et des déficits qui ne pourront plus être compensés, explique l'association faîtière.

Les nouvelles règles entraînent des déficits massifs

Le problème? Dans le nouveau tarif Tardoc, seul le travail du médecin lui-même est indemnisé pour les traitements médicaux aux urgences. Les indemnisations pour l'infrastructure et le personnel non médical ont été nettement réduites. Les hôpitaux devront désormais les couvrir d'une autre manière.

Cela devient un problème pour tous les hôpitaux disposant de services d'urgence, car l'infrastructure et le personnel doivent toujours être prêts à intervenir, peu importe ce qui se passe réellement. Et peu importe également si les cas sont ensuite traités en ambulatoire ou en stationnaire.

Si les coûts ne peuvent plus être facturés dans le secteur ambulatoire, cela creusera un nouveau trou dans les finances de l'hôpital. L'association des hôpitaux H+ écrit à ce sujet:

«Avoir un fonctionnement rentable dans un service d’urgence est impossible avec ces tarifs»
Nouveaux tarifs ambulatoires: «Une économie sur le dos des enfants»
Marco Fischer (à gauche), président de la direction de l'Hôpital pédiatrique universitaire des deux Bâle, avec Malte Frenzel, directeur de l'Alliance des hôpitaux pédiatriques suisses.Image: Sandra Ardizzone & Sabina Bobst

Les hôpitaux pédiatriques, particulièrement touchés

Dans les hôpitaux réguliers, ces déficits pourraient être partiellement compensés en finançant les services non rentables par d'autres prestations. Ce n'est pas dans l'esprit du système, écrit H+, et cela reste difficile en raison des tarifs insuffisants. Mais surtout, il y a peu de marge de manœuvre dans les hôpitaux pour enfants.

«Les enfants disposent de moins de ressources physiques pour faire face à une maladie ou à une urgence médicale, ce qui explique pourquoi ils nécessitent plus souvent des soins ambulatoires d’urgence»
Malte Frenzel, directeur d'Allkids

Les urgences représentent ainsi une grande partie des traitements ambulatoires. Et il y a moins de traitements spéciaux qui permettraient de financer transversalement les nouveaux déficits.

Si le système était introduit tel quel, cela signifierait que les hôpitaux pédiatriques doivent faire face à une réduction supplémentaire de 30% pour les traitements d'urgence. Or, ces hôpitaux sont déjà sous-financés aujourd'hui: dans le domaine ambulatoire, les six plus grands hôpitaux pédiatriques suisses affichent aujourd'hui un déficit de plus de 110 millions de francs.

Globalement, Allkids estime qu'avec les nouveaux tarifs, seuls 50 à 60% des coûts dans les services d'urgence seraient encore couverts. Le reste devrait être pris en charge par les responsables des hôpitaux, c'est-à-dire généralement les cantons. Malte Frenzel explique:

«Mais nous ne savons pas si les cantons sont prêts à investir encore plus d'argent dans les hôpitaux»

Si la situation ne change pas, il ne restera pas grand-chose d'autre à faire que de supprimer des postes et de réduire la qualité du service. Cela pourrait entraîner des temps d'attente plus longs et des traitements de moins bonne qualité:

«Au final, les enfants payeront les pots cassés. Nous devrons économiser sur leur dos»
Malte Frenzel

Des changements prévus qu'à partir de 2027

Allkids a donc maintenant déposé une demande auprès de l'Organisation des tarifs médicaux ambulatoires (OAAT). L'association demande que les positions tarifaires soient modifiées, ou que les règles de calcul soient adaptées de manière à ce que les frais de personnel et d'infrastructure puissent être facturés.

Chaque modification doit toutefois être validée sur la neutralité des coûts, discutée avec tous les partenaires tarifaires et approuvée par le Conseil fédéral. Cela prend du temps. Et il n'en reste pas beaucoup: le système doit être appliqué dès janvier, et les préparatifs dans les hôpitaux et les cabinets médicaux sont déjà en cours.

Interrogée par watson, l'OAAT dit avoir pris note de cette demande. Des échanges seraient en cours avec Allkids et les différents partenaires tarifaires afin de clarifier la situation et d'étudier d'éventuelles mesures.

Pour Allkids, la situation est claire. Il faut au moins une solution transitoire, dit Malte Frenzel, et vite:

«Sinon, la situation sera catastrophique pour les hôpitaux pédiatriques»

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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