Le conseiller national du Centre, Martin Candinas, est l'un des rares politiciens à Berne à s'engager régulièrement contre les bandes criminelles et leurs complices en Suisse.
L'année dernière, le Grison de 44 ans a fait passer une initiative demandant davantage de moyens pour supprimer le travail au noir et ceux qui le rendent possible. Le ministre de l'Economie, Guy Parmelin (UDC), s'était opposé au projet.
A l'heure des questions, Candinas a interpellé le Conseil fédéral à propos du blanchiment d'argent dans les «bars à shisha, les barbershops, les services de livraison de pizzas, les salons de manucure, les agences de voyages et les boutiques de Bubble Teas». Il aimerait connaître les montants en jeu.
Interrogé, le gouvernement, représenté par le ministre de la Justice et de la Police, Beat Jans, en est arrivé à une constatation:
Le secteur financier remonte régulièrement ses soupçons au Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent. Cela constitue un indicateur. Les dénonciations auraient plus que triplé récemment, dépassant les 15 000 cas l'an dernier.
Martin Candinas a évoqué une proposition pour lutter là-contre dans des branches et des établissements réputés pour leur vulnérabilité, et a demandé à l'exécutif:
Ce serait difficile, a rétorqué Beat Jans:
Mais le Conseil fédéral a également souligné que Fedpol devait «élaborer d'ici fin 2025 une stratégie nationale de lutte contre le crime organisé en Suisse». De quoi en faire une tâche pour la société dans son ensemble et prendre des mesures concrètes. «Ce sera un thème prioritaire».
La réponse de l'exécutif donne raison au conseiller national centriste. D'un côté, des «sommes énormes», de l'autre, trop peu d'actions entreprises.
Les stratégies ne suffisent pas, estime néanmoins le Grison. Il faut «de véritables mesures rapides et ciblées». Voilà pourquoi «j'ai mentionné une interdiction là où le blanchiment est particulièrement fréquent».
On pourrait aussi, par exemple, responsabiliser davantage les banques au moment de l'encaissement d'argent liquide. Quoi qu'il en soit, une plus grande traçabilité semble nécessaire. Candinas est catégorique:
Et de conclure que, pour cela, les offices et les autorités concernés doivent enfin collaborer bien plus étroitement.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)