La pandémie Covid refait surface au Tribunal cantonal de Zoug. Au début de la crise, les services de l'Etat s'écharpaient sur la question des masques. Ils étaient d'abord absolument inutiles, puis nécessaires et enfin totalement obligatoires. Deux jeunes hommes et leur société ont flairé un bon filon en se lançant sur ce qui sera le très lucratif marché du masque.
En se procurant à bas coût des quantités astronomiques de masques, ils ont réussi à se rendre essentiels dans la stratégie de prévention de la maladie de plusieurs pays.
Avec un prix unitaire pouvant aller jusqu'à près de 10 CHF pièce, Emix, leur société, a notamment réalisé un chiffre d’affaires d'environ 700 millions d’euros grâce aux achats des autorités allemandes. En Suisse, la pharmacie de l'armée, qui était chargée de faire des stocks, a acquis pour plus de 22 millions de francs de masques à l'entreprise.
Un premier scandale avait déjà fait les gros titres en 2023. La moitié des masques livrés à l'armée était constituée de contrefaçons présumées de qualité inférieure, dont certaines étaient même affectées par la moisissure. Le préjudice pour les autorités s'est alors monté à 1 million de francs. L'enquête à ce sujet a finalement été classée en 2022.
C'est une autre affaire qui occupe désormais le tribunal. Emix et ses deux dirigeants étaient appelés devant la justice zougeoise par deux anciens partenaires qui exigent la publication de leurs chiffres d'affaires. Les deux plaignants avaient accordé, en février 2020, des prêts à court terme, contre une participation de 10% sur les bénéfices. Si les prêts ont été remboursés et les intérêts versés un mois plus tard, les deux créditeurs estiment que les sommes qu'ils ont reçues ne correspondent pas à leur apport. Ils demandaient deux choses:
Dans le cadre de la procédure judiciaire, les échanges WhatsApp des propriétaires d'Emix ont été partagés. On peut notamment y lire:
Si sur le plan moral, cette manière de faire peut interroger, rappelons qu'aucune loi n'a été enfreinte.
A la première demande des plaignants, le Tribunal a estimé, comme l'écrivent les journaux de Tamedia, qu'«un partage du profit plus élevé n’entrerait pas en ligne de compte». Concernant la deuxième requête, la divulgation des comptes, la justice zougoise a demandé la publication «des informations complètes sur toutes les ventes conclues concernant les masques, sur les prix de revient, les coûts directs d’approvisionnement et les recettes (de revente) générées».
Un porte-parole d'Emix, interrogé par Tamedia, salue la décision du tribunal et estime qu'elle est:
Interrogé sur le volet moral et les marges qu'Emix pratiquait, le porte-parole rappelle que: