Philippe Bardet, directeur de l'Interprofession du Gruyère AOP, donne le ton déjà par message:
Un peu plus tard, par téléphone, les nouvelles d'Amérique lui font regretter ce 3 avril 2025. «Je m'abstiendrai bien de cette journée», lâche-t-il.
Il faut dire que les exportations de fromage vont être impactées par les taxes annoncées par Donald Trump. Les exportations suisses seront touchées de droits de douane additionnels de 10% à partir du 5 avril, puis de 21% supplémentaires dès le 9 avril, informe le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
Et le Gruyère AOP se retrouve dans la boucle infernale de cette nouvelle taxe. C'est un Philippe Bardet perplexe qui répond:
Le spécialiste souligne la sensibilité du client américain et des prix qui vont être appliqués à l'avenir. «Il y a des estimations qui disent que le prix du Gruyère pourrait augmenter de 50%. Aussi, est-ce que les acteurs du marché reporteront tout en pourcentage ou vont-ils atténuer leurs marges?» Et de poursuivre:
Si le prix du produit a une influence, ce n'est pas l'essentiel, selon le Fribourgeois. L'important, pour le directeur du Gruyère AOP, est la réaction des différents acteurs du domaine et notamment du consommateur final.
A la question de savoir si le fromage va être boudé par les clients américains, Philippe Bardet explique: «Ce n'est pas de manière unilatérale que le Gruyère a décidé d'augmenter ses prix. C'est une décision du gouvernement américain».
Malgré les demandes appuyées de Trump d'installer des usines aux Etats-Unis, il n'est pas question de construire des fromageries sur le continent américain. «Le Gruyère restera en Suisse et sera exporté depuis la Suisse», assure le président, un brin cynique.
A travers la constellation du marché, dit-il, le secteur du fromage (par ses exportations) a créé des emplois au pays de Trump.
Face à cette situation, Philippe Bardet assure vouloir «chercher des biais». Mais tout reste très nébuleux pour le moment. «J'aurai des discussions avec la Confédération dans ce cadre-là, pour voir quelles seront les conséquences finales. Et les conséquences finales, c'est la réaction du consommateur.»
Les Etats-Unis représentent environ 4000 tonnes de Gruyère chaque année, soit 750 millions de francs. Selon Philippe Bardet, les taxes pourraient mettre en péril 1000 tonnes de fromage annuelles. Si l'expert doit encore clarifier les conséquences de ces mesures sur son secteur, il reprend les avertissements que beaucoup de dirigeants brandissent: