La police cantonale valaisanne a démantelé un réseau de drogue qui sévissait à Sierre depuis plus de trois ans. Une trentaine de personnes ont été arrêtées après un an et demi d'enquête, ont indiqué les autorités mardi. Elles ont contribué au trafic de plus de deux kilos de cocaïne et d'une demi-tonne de haschisch. Pour des chiffres d'affaires de respectivement 175 000 et quatre millions de francs. Il s'agit d'un nouveau record pour les produits cannabiques dans le canton.
Ce n'est toutefois pas le premier cas de cette ampleur. En novembre, quinze dealers présumés avaient été appréhendés à Verbier. Ils auraient engrangé plus d'un million de francs.
La consommation de cocaïne augmente depuis des années dans tout le pays. Le réseau démantelé à Sierre présente des caractéristiques qui inquiètent en Valais - et au-delà.
D'une part, parce que près d'un tiers des personnes arrêtées étaient des mineurs. Du jamais vu, reconnaît Christian Varone:
Les enfants et les adolescents intéressent le crime organisé, car la justice peut les punir moins sévèrement que les adultes. Dans le réseau pyramidal de Sierre, ils assumaient des tâches du bas de l'échelle hiérarchique - guetteurs ou coursiers.
D'autres membres, en l'occurrence des adultes, s'occupaient de l'usage de la force: extorsion, vol, menaces. Ces méthodes ont été particulièrement utilisées pour recouvrer des dettes.
La police est sur le qui-vive. Elle redoute que cette «nouvelle ampleur» de la violence ne marque le début d'une évolution telle qu'on l'observe depuis plusieurs années dans les banlieues françaises. Pour Christian Varone:
En France, la situation dérape. Les gangs sont devenus si puissants que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a récemment parlé d'une «mexicanisation» du pays. Le trafic de drogue n'épargne ni les petites villes ni les régions rurales. Dans les agglomérations, la lutte de prédation entre clans s'intensifie – en particulier à Marseille. Des dizaines de personnes y ont perdu la vie au cours des derniers mois. Des jeunes de 14 ans sont engagés comme tueurs à gages par des barons du milieu.
La RTS a pu s'entretenir avec des membres de la mafia DZ, connue pour sa brutalité.
Dans le même reportage, un représentant du syndicat de la police a lancé un avertissement: si la DZ pense qu'il y a de l'argent à se faire, elle n'hésitera pas à s'implanter dans un pays comme la Suisse.
Dans l'affaire sierroise, il s'agit principalement d'acteurs locaux qui ont imité les méthodes des clans français à plus petite échelle. 40% des arrestations concernent des citoyens suisses. On sait qu'il y avait des contacts avec la France via les médias sociaux, explique le commandant Christian Varone:
Un travail d'investigation de CH Media, l'éditeur de watson, montre également à quel point les clans internationaux œuvrent déjà dans notre pays: la mafia des Balkans a utilisé une agence de voyages lucernoise comme plaque tournante, la 'Ndrangheta italienne vend de la cocaïne sur tout le territoire depuis le quartier zurichois de Seebach:
C'est pourquoi d'autres actions d'envergure sont prévues dans le canton, aussi bien dans les villes qu'en stations. De plus, des échanges étroits ont lieu avec les forces de l'ordre françaises.
Sur les 30 personnes arrêtées à Sierre, seul un auteur présumé se trouve encore derrière les barreaux. Les autres ont fait l'objet de mesures alternatives à la détention provisoire. Par exemple d'un traitement psychiatrique, d'un sevrage de l'alcool et des drogues, ou de l'obligation de se présenter régulièrement aux autorités.
Entre-temps, l'enquête du parquet et du tribunal des mineurs se poursuit. Les prévenus encourent des peines de prison de plusieurs années, les ressortissants étrangers risquent en outre l'expulsion. La présomption d'innocence s'applique jusqu'à la prononciation d'une condamnation définitive.
Adaptation française: Valentine Zenker