Les cinq membres de la direction générale d'Economiesuisse sont des collaborateurs de longue date, loyaux, bien connectés et très compétents dans leurs domaines. Pourtant, ils ont récemment été confrontés à un choix difficile: accepter une modification de leur contrat stipulant qu'ils ne feraient plus partie de la nouvelle direction à partir du 1er septembre ou quitter leur poste.
Quatre personnes ont accepté la modification de leur contrat: Erich Herzog, à la tête du département Concurrence et Réglementation, Frank Marty, responsable des Finances et de la Fiscalité, et Cristina Gaggini, en charge de la Romandie et du Tessin. De son côté, Roberto Colonello passe de responsable des campagnes à Senior Advisor pour les campagnes. Herzog, Marty et Gaggini conservent leur poste et obtiennent, cerise sur le gâteau, un siège au sein de la direction élargie.
Une personne n'a en revanche pas accepté la modification de son contrat: Jan Atteslander, responsable du commerce extérieur. Lui aussi aurait pu bénéficier d'un siège au sein de la direction élargie, malgré son déclassement. Mais il a choisi de quitter Economiesuisse.
La réorganisation de la direction, menée par le président Christoph Mäder et la directrice Monika Rühl, fait ainsi une victime de poids. En tant que responsable du commerce extérieur, Jan Atteslander était notamment en charge du dossier européen. Il a récemment orchestré la consultation particulièrement étendue d'Economiesuisse sur l'accord avec l'UE, à travers divers ateliers qui ont abouti à 42 propositions internes réparties sur 50 pages.
Avec le départ d'Atteslander, Economiesuisse perd son cerveau stratégique pour le dossier européen, et ce, à seulement deux ans du scrutin.
Après l'annonce de ce départ, la directrice Monika Rühl a souligné:
Selon elle, Jan Atteslander a contribué de manière «déterminante et réussie» à la politique européenne et commerciale de la Suisse ces dernières années. Elle lui en exprime «ses sincères remerciements».
Economiesuisse entend rendre sa direction plus efficace, plus percutante et donc plus visible grâce à sa réduction. Tel est l'objectif de la réorganisation menée par Mäder et Rühl.
La direction comprend désormais cinq membres au lieu de dix auparavant et doit «agir à l'avenir de manière encore plus stratégique, agile et dynamique», pointe Monika Rühl. Elle en fait elle-même partie, aux côtés de l'économiste en chef Rudolf Minsch, d'Alexander Keberle (politique de site), de Norina Frey (affaires publiques) et de Silvan Lipp (communication).
Des initiés racontent que la réorganisation était un vieux projet de Christoph Mäder, qu'il avait traîné avec lui tout au long de ses cinq années de présidence. Il souhaitait plus de flexibilité et une collaboration plus étroite au sein de la direction. Que la réorganisation ne soit mise en œuvre que peu avant son départ prévu en 2026 a toutefois surpris, et, selon une source interne, elle ne fait pas l'unanimité. Certains critiquent le fait que Christoph Mäder place ainsi son ou sa successeur·e devant le fait accompli.
Des réformes s'imposent pour Economiesuisse, alors que le syndicat patronal a dû accepter une perte de pouvoir importante ces dernières années. Ainsi, lors de la votation sur la 13e rente AVS en 2024, l'économie a subi une défaite historique: pour la première fois, les électeurs ont accepté une initiative de gauche visant à étendre l'Etat-providence. Et seulement deux mois plus tard, les électeurs ont également rejeté la réforme de la prévoyance professionnelle.
Economiesuisse, l'Union patronale et l'Association des entreprises veulent donc améliorer leur coopération. Severin Moser, président de l'Union patronale, siège déjà au comité directeur d'Economiesuisse. Selon des sources internes, Fabio Regazzi, président de l'Association des entreprises, devrait bientôt en faire de même.
Le 70 membres du conseil d'administration d'Economiesuisse avaient été informés de la réforme de la direction vendredi de manière sommaire, sans détails sur les personnes concernées. Le comité exécutif, organe suprême, n'a pas été directement impliqué dans cette réorganisation.
Les membres du comité saluent la réforme, mais avec certaines réserves. Simon Michel, conseiller national PLR et également CEO de Ypsomed, déclare:
Simon Michel formule néanmoins une suggestion. Selon lui, la question des compétences devant être présentes au sein de l'organe opérationnel supérieur doit être «discutée de manière plus large». Il précise:
C'est pourquoi il plaide pour qu'un comité stratégique de la direction élabore, avec le comité exécutif, différentes «variantes» à soumettre à discussion. Car une chose est claire:
Traduit et adapté par Noëline Flippe