Nous pouvons refaire le monde, cracher sur l'immobilisme ou l'excès de confiance de notre cher Conseil fédéral. Mais triturer le passé et chercher là où nous avons péché ne sert à rien. Ce qui est fait est fait.
Trump se félicite, il jubile de voir ces nombreux milliards remplir les caisses de son pays.
Trump, en protectionniste carabiné qu'il est, comme le prouve son traitement du dossier chinois, pourrait s'inspirer des écrits de Frédéric Bastiat, ancien économiste français du XIXe siècle. Il disait qu'une taxe ne peut jamais protéger, elle ne peut qu'appauvrir. Mais la lecture ou l'analyse paraît être une denrée rare dans l'administration Trump.
Trump s'en contrefiche, il préfère instaurer ses propres règles. En 2025, il veut avancer, montrer les muscles pour masquer une économie qui périclite. Comme nous le confiait Vincent Riesen, le directeur de la Chambre valaisanne de commerce et de l'industrie (CCI):
Cette décision doit être un électrochoc pour le monde économique suisse. Il est temps de détourner nos regards des Etats-Unis et de son vaste marché intérieur. C'est bien sûr plus simple à dire qu'à faire, mais les horizons sont multiples.
Cela fait plusieurs années que les observateurs parlent de l'importance de poursuivre la diversification économique de la Suisse. Aujourd'hui, sous le marteau de Donald Trump, il y a peut-être une opportunité à saisir.
Commençons par renforcer nos liens avec l'Union européenne, notre partenaire clé. La Suisse figure parmi les principaux débouchés commerciaux de l'UE en 2024. Elle se classe en quatrième position après les Etats-Unis, la Chine et le Royaume-Uni, selon le DFAE.
Visons ensuite la Chine, qui va, selon les prédictions, dépasser les Etats-Unis pour devenir la première puissance économique mondiale en 2030. Malgré le fait que l'économie chinoise se contracte ces derniers mois, elle demeure la principale cible pour nos futures exportations.
N'oublions pas le Mexique et son «plan Mexico» décidé par la nouvelle présidente Claudia Sheinbaum, qui désire dynamiser l'économie d'un pays «qui ne sera jamais subordonné aux Etats-Unis».
Et l'Inde. Après la signature de l'accord de libre-échange, conjointement avec les autres membres de l'AELE (Association européenne de libre-échange), cette économie représente une véritable opportunité. Avec ses 1,4 milliard d’habitants, le pays devrait se hisser au rang de troisième économie mondiale dès 2030 – devant l'UE. Surtout, la classe moyenne qui charpente la colonne vertébrale de l'économie, est en train de grandir. Selon People Research on India’s Consumer Economy, d'ici 2030-2031, ce groupe devrait être d'environ 715 millions et de 1,01 milliard d'individus d'ici 2046-2047.
Néanmoins, même si le protectionnisme qu'instaure Trump pour son pays aura des répercussions (les protectionnistes raisonnent toujours à l'envers), le marché américain reste d'une grande valeur pour l'économie suisse. Sait-on jamais, Donald Trump pourrait être pris d'un élan de lucidité ces prochaines semaines après nous avoir collé un coup de pied aux fesses. A nous de prendre notre courage à deux mains et de brosser notre économie de demain.