Voici combien de milliard la Suisse pourrait économiser sur sa bureaucratie
Face à l’augmentation des prescriptions et à la pénurie de main-d’œuvre, les milieux économiques et agricoles appellent à «réduire la bureaucratie» en Suisse.
Les organisations faîtières demandent au Conseil fédéral et au Parlement d’agir d’ici la fin de la législature.
Des coûts faramineux pourtant évitables
Le pays fait face à un poids administratif croissant qui pèse lourdement sur les entreprises comme sur les exploitations agricoles, ont dénoncé lundi economiesuisse, l'Union suisse des arts et métiers (Usam), l'Union patronale suisse et de l'Union suisse des paysans lors d'une conférence de presse à Berne.
Selon une nouvelle étude réalisée par BSS Volkswirtschaftliche Beratung AG et l'institut ifo, plus de 30 milliards de francs de coûts bureaucratiques pourraient être évités chaque année si les processus administratifs étaient modernisés et davantage numérisés. Les auteurs rappellent que d'autres pays, tels que la Suède et le Danemark, ont déjà imposé des standards d'efficacité bien supérieurs. Christoph Mäder, président d’Economiesuisse, résume:
Des emplois pas nécessaires
Cette accumulation de règles n'est pas sans conséquence. Durant la précédente législature, le Parlement a modifié ou créé 203 lois et ordonnances, affirment les milieux patronaux. A mi-parcours de l'actuelle législature, la tendance reste «clairement» à l'alourdissement, ajoutent-ils.
Selon l'étude, si la Suisse avait réduit sa bureaucratie au rythme d'autres Etats comparables, son PIB par habitant serait aujourd'hui environ 5% plus élevé.
Les milieux économiques et agricoles estiment qu'une réduction nette des charges administratives libérerait l'équivalent de plus de 55 000 emplois à temps plein, actuellement absorbés par des tâches non productives.
Des entreprises engluées dans l'administratif
En août, le Conseil fédéral a demandé à plusieurs départements d'élaborer des propositions pour alléger les réglementations existantes et revoir certains projets en cours. Mais pour les milieux économiques, la phase d'analyse doit désormais laisser place à des décisions concrètes.
Cité dans un communiqué, le président d'economiesuisse Christoph Mäder estime indispensable de numériser entièrement les interfaces entre entreprises et administration, de stopper l'introduction de nouvelles règles en matière de durabilité et de revoir plusieurs normes environnementales et énergétiques.
Son homologue de l'usam Fabio Regazzi rappelle, lui, que les PME souffrent plus que les grandes entreprises d'un système administratif devenu trop lourd. Selon lui, améliorer l'exécution ne suffit pas: il faut supprimer les réglementations jugées superflues.
Un besoin de réforme
L'Union patronale suisse partage cette analyse. Son président, Severin Moser, souligne que la Suisse n'est plus un modèle en matière de quote-part fiscale. Il estime nécessaire d'engager une réforme structurelle du premier pilier, plutôt que de continuer à relever impôts et cotisations pour compenser le vieillissement démographique.
Du côté agricole, le président de l'Union suisse des paysans, Markus Ritter, dénonce des exigences administratives qui freinent les investissements durables. Il cite notamment les contraintes entourant la construction de serres ou de tunnels en plastique, pourtant jugées efficaces pour améliorer la production et réduire les risques climatiques. (sda/ats)
