Voici la combine qui aurait pu permettre une fraude électorale à Vernier
A Vernier, on pensait les soupçons de fraude cantonnés à l’élection du conseil communal, annulée le 23 mars et à nouveau entachée de possibles irrégularités lors de sa répétition, il y a une dizaine de jours, le 30 novembre. Voici que la suspicion pèse à présent aussi sur l’élection de l’exécutif, le conseil administratif, plus précisément sur le second tour du 13 avril.
C’est la RTS qui l’affirmait mercredi sur son site: la veille de ce second tour, «certaines personnes auraient tenté de glisser de nombreux bulletins de force dans un local de vote de Vernier après l'heure de fermeture». Des bulletins obtenus par «captation», autrement dit, subtilisés à leurs destinataires.
Dans le même article, en lien avec cette captation présumée, nos confrères rapportaient que l’Inspection générale des services (IGS), la police des polices, enquêterait sur le député MCG et ancien maire de Vernier Thierry Cerutti. Celui-ci, qui se représentait à l’exécutif verniolan, a été battu au second tour du 13 avril par les trois sortants.
Plainte d'un député
L’intéressé a annoncé ce jeudi déposer plainte contre la RTS pour diffamation et atteinte à l’honneur suite à la publication de l’article en question l’impliquant dans une possible fraude électorale. Son parti, le MCG, affirme:
De notre côté, indépendamment des personnes citées, nous avons cherché à savoir comment un scrutin aurait pu être faussé sur la base des faits rapportés au conditionnel par la RTS. A savoir, une tentative de fraude consistant à vouloir introduire de force de nombreux bulletins dans un local de vote la veille du second tour du scrutin municipal.
Question: si cette partie de l'opération avait été une réussite, que se serait-il passé ensuite?
Ce dimanche 13 avril...
Pour nous renseigner, qui de mieux qu'Howard Nobs, l'homme qui veillait à la bonne tenue des opérations électorales dans le local de vote d’Aïre-Le Lignon, l’un des quatre ouverts ce jour-là à Vernier. Candidat UDC à l’exécutif de Vernier, ne s'étant pas présenté au second tour mais élu au conseil municipal, il nous raconte le déroulé du processus.
Howard Nobs assistait le président du local de vote, le PLR Rinor Metushi, remplaçant celui qui aurait dû tenir la place de vice-président, le MCG Thierry Cerutti. Lequel était exempté de cette tâche, comme le veut la règle qui n’autorise pas un candidat à contrôler une élection à laquelle il prend part.
Aux deux responsables du local de vote s’ajoutaient des jurés, au moins deux aussi ce jour-là, des citoyens invités à témoigner si nécessaire du bon déroulement de l'élection.
Le décor étant posé, comment des bulletins de vote introduits au préalable dans le local de vote auraient-ils pu vicier l’élection? Réponse d'Howard Nobs:
Le vote ce jour-là à Vernier s'est déroulé de 10 heures à 12 heures.
Voici comment les choses se passent en temps normal. Avant l’ouverture du scrutin, les responsables du local de vote s’assurent que l’urne est vide et le font observer aux jurés présents. Ils posent ensuite les scellées sur l’urne. L'élection peut alors commencer.
Les votants qui se rendent au local de vote doivent être munis d’une pièce d’identité et de leur carte de vote fournie préalablement avec le matériel de vote. Un par un, ils se dirigent dans l’isoloir pour y mettre le bulletin de leur choix dans une enveloppe, si cela n’a déjà été fait. Ressortis de l'isoloir, ils glissent l’enveloppe dans l’urne, tout en laissant leur carte de vote aux responsables du local, de manière à ce qu’on puisse s'assurer par la suite qu’il n’y ait pas plus de bulletins que de votants.
Le moment fatidique
A quel moment une éventuelle fraude aurait-elle pu intervenir? «Sûrement juste après la fin des opérations de vote, soit aussitôt après 12 heures, pour peu, bien sûr, que les responsables du local de vote en question agissent comment complices», avance Howard Nobs, imaginant un tel scénario. L'élu municipal UDC ajoute:
Les bulletins frauduleux introduits la veille dans le local de vote, cachés jusque-là quelque part dans la pièce, auraient alors été ajoutés aux bulletins extraits de l’urne, une fois celle-ci descellée. A noter que, dans ce cas de figure, tous les bulletins sont comme il se doit rangés dans des enveloppes, les frauduleux y ayant été placés avant même leur introduction dans le local de vote la veille du scrutin.
Ni vu, ni connu?
Dans ce mic-mac, les choses sont censées aller très vite. Car voilà qu’arrivent déjà les personnes chargées de transporter dans des mallettes sécurisées les précieux bulletins jusqu’au service cantonal des votations et élections, chargé du dépouillement. Ni vu, ni connu?
On est bien sûr ici dans la fiction. Même si l’article de la RTS laisse entendre qu’une tentative de fraude a bel et bien eu lieu, les bulletins frauduleux n'ont pas réussi à franchir la porte du local de vote.
«La visite de deux inspectrices»
A ce propos, de quel local de vote verniolan se serait-il agi? Mystère. Howard Nobs, «très respectueux du processus démocratique», n’en sait rien. «Ce dont je me souviens, c’est que nous avons eu, ce dimanche 13 avril, la visite de deux inspectrices dans le local de vote où nous officiions.» Cela faisait suite aux soupçons de fraude entourant l’élection du législatif communal du 23 mars, organisée le même jour que le premier tour de scrutin pour l’exécutif, alors épargné par le scandale.
