L'immigration en provenance des pays européens a atteint des sommets l'an dernier en Suisse. Elle reflète la croissance de l'emploi et le faible taux de chômage. Elle permet aussi de compenser les effets du vieillissement de la population, rapporte lundi le Seco.
Au total, 68 000 personnes en provenance de l'UE/AELE ont immigré en Suisse l'an dernier, écrit le Secrétariat d'Etat à l'économie dans son 20e rapport de l'Observatoire de la libre circulation des personnes:
Les principaux pays de provenance sont l'Allemagne (21%), la France (16%) et l'Italie (15%), qui représentent à eux trois plus de la moitié de l'immigration. Ce classement n'a cessé d'évoluer au fil des années, relève le Seco, qui note que «la conjoncture dans la zone UE/AELE a eu une influence sensible» sur sa composition.
Le potentiel indigène était, lui, déjà bien exploité. La population suisse en âge de travailler n'a connu qu'une faible croissance ces vingt dernières années, en raison du vieillissement démographique, relève l'agence. Elle est en outre déjà très bien intégrée au marché du travail et son taux d'activité est élevé.
La marge de manoeuvre était faible en Suisse, par rapport à d'autres pays comparables, comme l'Autriche, la Belgique ou les Pays-Bas. Dans ces deux derniers Etats, par exemple, la baisse du chômage et «le développement de potentiels inexploités» ont favorisé l'emploi de main-d'oeuvre indigène, relève le Seco:
Mais l'économie helvétique dépend également du recrutement d'immigrés de l'UE pour occuper des emplois moins qualifiés, principalement dans l'hôtellerie-restauration, la construction et l'industrie.
Devant la presse, la secrétaire d'Etat Helene Budliger Artieda a relevé devant la presse que les discussions sur une limitation de l'immigration ont repris en Suisse. Se référant à l'exemple de la Grande-Bretagne, elle a toutefois souligné que la fin de la libre circulation des personnes après le Brexit n'avait pas entraîné de baisse globale de l'immigration.
Un avis partagé par les partenaires sociaux. Le directeur de l'Union patronale suisse Roland Müller a mis en avant le coût pour les entreprises de la pénurie de main-d'oeuvre. «L'analyse montre une fois de plus que l'immigration de l'UE et de l'AELE est un pilier important de prospérité de la Suisse», a-t-il dit, mettant en garde contre une acceptation de l'initiative sur la neutralité de l'UDC.
Economiste en chef de l'Union syndicale suisse (USS), Daniel Lampart a de son côté insisté sur le fait que des systèmes «à points», comme au Canada, ou des systèmes de contingents ne sont pas meilleurs que la libre circulation des personnes flanquée de mesures d'accompagnement. (jch/ats)