D’importants gisements d’hydrogène naturel pourraient être présents dans les paysages montagneux. Ce type d’hydrogène est considéré comme une alternative écologique aux combustibles fossiles. Les chercheurs estiment qu’il existe des «possibilités prometteuses» d’extraction à partir des couches terrestres, selon l’étude publiée dans la revue scientifique Science Advances.
L’équipe dirigée par le géologue Frank Zwaan, du Centre Helmholtz pour la recherche en géosciences, a découvert que certaines chaînes de montagnes contiennent des roches mantelliques profondément enfouies qui ont progressivement migré vers la surface. Ces roches pourraient constituer une base pour la production d’hydrogène.
Les chercheurs explorent désormais certaines régions des Alpes, des Pyrénées et des Balkans, où des indices de présence d’hydrogène naturel dans la roche ont déjà été détectés. Ils utilisent des modèles informatiques simulant les mouvements des plaques tectoniques pour identifier les zones où l’hydrogène pourrait s’être formé et accumulé sous forme de poches exploitables.
En 1987, la présence de réserves souterraines d’hydrogène a été détectée pour la première fois après un incident survenu au Mali: un homme s’était allumé une cigarette près d’un puits, déclenchant une explosion. L’explosion a été causée par de l’hydrogène remontant à la surface.
Ce gaz peut se former de différentes manières, notamment par l’action de bactéries ou par la désintégration radioactive. L’étude actuelle s’est concentrée sur une autre méthode: le processus de «serpentinisation». Celui-ci se produit lorsque de l’eau réagit avec le fer contenu dans certaines roches, libérant ainsi de l’hydrogène. Ces roches riches en fer se trouvent généralement en profondeur dans la croûte terrestre, mais lorsqu’elles remontent à la surface sous l’effet des mouvements tectoniques, elles peuvent interagir avec l’eau contenue dans des failles souterraines et produire de l’hydrogène.
Le géologue souligne que, jusqu’à présent, d’autres sources d’énergie étaient plus facilement accessibles, mais que l’aggravation de la crise climatique accélère la recherche d’alternatives.
Les quantités de roches mantelliques présentes dans ces chaînes de montagnes laissent supposer que les réserves d’hydrogène pourraient constituer une véritable révolution énergétique. Pour Frank Zwaan, même dans les zones où l’hydrogène ne s’est pas encore formé naturellement, il serait possible d’injecter de l’eau dans la roche riche en fer afin de déclencher une réaction chimique produisant ce gaz.
L’hydrogène est considéré comme un vecteur d’énergie verte. En 2023, l’Allemagne en a produit 3 millions de mètres cubes, contre un record de plus de cinq millions en 2018. Aujourd’hui, la majeure partie de l’hydrogène est issue du gaz naturel, sous forme d'«hydrogène gris», un procédé qui génère des émissions polluantes. L’«hydrogène vert», en revanche, est produit par électrolyse en utilisant de l’électricité issue de sources renouvelables. Cependant, il n'existe pas encore d'infrastructure à grande échelle. L’hydrogène peut être utilisé pour alimenter aussi bien des véhicules que des générateurs industriels.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder