L'offensive de Daniel Borel a échoué. Depuis près de deux ans, le cofondateur de Logitech essaie tant bien que mal de démettre Wendy Becker – présidente du conseil d'administration depuis 2019 – de ses fonctions au sein de l'entreprise. Sans succès, puisque la présidente a été réélue avec près de 86% des voix lors de l'assemblée générale, mercredi après-midi à l’EPFL. Elle quittera donc son poste en septembre 2025, comme elle l'a annoncé cet été.
L'ingénieur neuchâtelois craint que son entreprise n'évolue dans la mauvaise direction. En effet, il dénonce non seulement l'ambiance toxique qui règnerait en interne mais déplore également que Wendy Becker, tout comme la PDG de l'entreprise Hanneke Faber, n'ait pas assez d'expérience dans l'industrie informatique.
Avant le vote, le co-fondateur a encore une fois tenté une opération coup de poing en s'en prenant directement au duo féminin à la tête de l'entreprise. «Les masques sont tombés», a-t-il déclaré sur scène face à Hanneke Faber et Wendy Becker. Selon lui, cette dernière a essayé par tous les moyens d'empêcher les actionnaires de pouvoir choisir librement la ou le dirigeant de l'entreprise.
Mercredi après-midi, une épreuve coup de poing a eu lieu sur le campus voisin de l'EPFL. Après une intervention juridique, Daniel Borel a réussi à faire inscrire – contre la volonté du conseil d'administration – un adversaire à l'ordre du jour de l'élection: l'Israélien Guy Gecht, PDG ad interim avant Hanneke Faber, et membre du conseil d'administration.
Guy Gecht vit dans la Silicon Valley depuis 20 ans. Il a le profil parfait pour contrôler et contrebalancer le poids de la PDG et de la présidente de Logitech. Mais si le Neuchâtelois a pu compter sur le soutien des associations d'actionnaires Ethos et Actares, qui se sont toutes deux prononcées en faveur de la destitution de Wendy Becker et de l'élection de Guy Gecht, cela n'a pas suffi: ce dernier n'a obtenu que 14% contre les 86% en faveur de l'actuelle présidente.
Le manque d'expérience dans le domaine de la technologie de la présidente du conseil d'administration et de sa directrice générale n'est ni plus ni moins qu'une «situation dangereuse» pour l'entreprise, souligne le Neuchâtelois.
Si Wendy Becker a annoncé son départ pour septembre 2025, le temps qui lui reste à la tête de Logitech est trop long selon Daniel Borel. Une «éternité» même, dans le monde la technologie. Après les «folles années Covid», l'entreprise s'est simplement reposée sur ses succès passés. Il accuse notamment la présidente du conseil d'administration d'être à l'origine «d'obstacles, manipulations et mensonges.»
Ce n'est pas la première fois que Daniel Borel tente de démettre Wendy Becker de ses fonctions. L'an dernier, il a déjà échoué dans sa tentative de putsch. Dans une interview récente avec le journal Schweiz am Wochenende, la directrice générale de Logitech Hanneke Faber a souligné l'importance du Neuchâtelois dans l'histoire de Logitech, qui détient toujours 1,5% du groupe coté en bourse.
L'ambiance n'a pas toujours été mauvaise entre ce trio. Hanneke Faber n'a pas hésité à rappeler la bonne entente entre eux, lors de son entrée en fonction chez Logitech.
Mais pas question de se laisser pas démonter par ses critiques. Son prédécesseur, Bracken Darrel, n'était pas non plus issu de l'industrie informatique – et a mené Logitech vers de nouveaux sommets au cours de ses dix années de mandat.
Mercredi, la directrice générale de Logitech a en outre été élue au conseil d'administration – contrairement aux principes de bonne gestion –, ce que Daniel Borel a également voulu empêcher. On dirait bien que la légende des claviers et souris d'ordinateur se retrouve peu à peu sur la touche.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder