Voici ce que cache le cafouillage suisse sur le deal avec Trump
L’administration fédérale a semé la confusion, ce mardi, en publiant – puis en retirant – une annonce évoquant une baisse rétroactive des droits de douane américains sur les produits suisses. La Neue Zürcher Zeitung (NZZ) apporte désormais des éléments qui éclairent ce cafouillage et l’importance de cette rétroactivité pour l’économie helvétique.
Le 14 novembre, le conseiller fédéral Guy Parmelin avait annoncé que les Etats-Unis réduiraient les taxes sur les importations suisses de 39 à 15%, «dans quelques jours ou semaines». Un mois plus tard, la mesure n’est toujours pas en vigueur. Pourtant, plusieurs acteurs économiques interrogés par la NZZ affirment que l’abaissement devrait intervenir cette semaine.
Selon eux, la réduction pourrait même être rétroactive au 14 novembre. La NZZ rappelle qu’une telle rétroactivité vient d’être accordée à la Corée du Sud – ce qui renforce l’espoir d’un traitement identique pour la Suisse. Pour les entreprises, ce point est central: chaque jour passé sous le régime punitif de 39% renforce la concurrence européenne et japonaise, déjà revenue à 15% depuis août. La NZZ estime qu’en août et septembre, les Etats-Unis ont probablement encaissé plus de 300 millions de dollars par mois sur les importations suisses.
Que s'est-il passé avec cette annonce?
C’est dans ce contexte que Reuters a, mardi matin, rapporté que la rétroactivité au 14 novembre était «décidée», citant une publication de l’administration fédérale. Or, il s’agissait d’un texte mis en ligne par erreur. Le Département de l’économie a d’ailleurs demandé à Reuters de corriger sa dépêche.
Un porte-parole explique à la NZZ que la Confédération avait préparé du contenu «pour plusieurs variantes» mais ne peut «en confirmer aucune à ce stade». La journal révèle toutefois – en citant des sources informées – que le problème n’était pas le contenu, mais le moment de la publication. Berne souhaite annoncer la réduction uniquement le jour où les entreprises ne paieront plus 39%.
La rétroactivité est très importante
Pour les exportateurs, la baisse – et plus encore la rétroactivité – constituerait un véritable soulagement. Mais, comme le souligne la responsable communication de Swiss Medtech auprès de nos confrères, «il n’y a pas de raison de célébrer»: même à 15%, les taxes restent bien supérieures aux 0–2% d’avant, et la baisse n’est pas garantie pour tous les secteurs, notamment les technologies médicales.
La Suisse attend désormais que Washington officialise le nouveau taux et que Berne puisse enfin communiquer sans nouveau cafouillage. (jah)
