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Une étude mondiale révèle que les Suisses ne sont pas fans de Trump

US President Donald Trump gestures as he arrives in Davos, Switzerland on Marine One, Tuesday, Jan. 21, 2020. President Trump arrived in Switzerland on Tuesday to start a two-day visit to the World Ec ...
Donald Trump, ici au WEF 2018 à Davos, ne compte pas beaucoup de fans en Suisse.Image: AP

Les Suisses ont-ils un problème avec Trump? Réponse en graphes

Le retour de Donald Trump à la présidence américaine est considéré de manière très différente à l'échelle mondiale. Dans de nombreux pays, il est perçu de manière nettement plus positive qu'en Europe - et la Suisse ne fait pas exception.
17.01.2025, 18:4417.01.2025, 21:22
Peter Blunschi
Peter Blunschi
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Lundi, Donald Trump prêtera serment pour la deuxième fois en tant que président des Etats-Unis. Chez les alliés traditionnels en Europe ou en Corée du Sud, ce retour suscite l'inquiétude, voire la peur. Mark Leonard, directeur du groupe de réflexion European Council on Foreign Relations (ECFR), a qualifié mercredi le Trump 2.0 de «plus grande crise transatlantique depuis Suez en 1956».

Mark Leonard intervenait dans le cadre d'un webinaire avec deux sommités étroitement liées à l'ECFR: le politologue bulgare Ivan Krastev et l'historien britannique Timothy Garton Ash - l'occasion d'une grande enquête menée conjointement avec l'Université d'Oxford sur les attentes vis-à-vis de la deuxième présidence Trump.

Environ 28 500 personnes ont été interrogées en ligne dans 24 pays, dont onze Etats membres de l'Union européenne - et la Suisse. Chez nous, 1082 personnes ont participé. Conclusion de l'étude? Les alliés de longue date des Etats-Unis déplorent le retour de Trump, mais que ils sont presque les seuls.

Dans le camp pro-Trump

La population indienne se révèle particulièrement enthousiaste. Plus de 80% considèrent la victoire électorale de Trump comme positive pour les Américains, la paix mondiale et leur propre pays. Même en Chine et en Russie, il y a plus de voix positives que négatives au sujet du nouveau président américain. Il est possible que l'espoir qu'il divise l'Occident y soit pour quelque chose.

A l'autre extrémité, on trouve le Royaume-Uni et la Corée du Sud, où l'on garde un mauvais souvenir du copinage de Trump avec son ennemi juré, Kim Jong-un. La Suisse, elle aussi, se montre particulièrement critique envers Donald Trump, ce qui ne réjouira pas ses admirateurs, comme Roger Köppel. Sur certains points, elle juge le président élu encore plus négativement que l'«UE11».

Mais l'UE ne forme pas un bloc uni sur cette question. Les pays du sud-est comme la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie sont plus favorables à Trump que le reste du continent. Au total, seuls 22% des Européens considèrent les Etats-Unis comme un allié, ce qui a fait dire à Timothy Garton Ash lors du webinaire de mercredi:

«Ce ne sont pas des perspectives très roses»
Timothy Garton Ash

La Russie, un «partenaire acceptable»

Et ce n'est pas tout. Alors que l'image de la Russie s'est détériorée en Europe et aux Etats-Unis suite à l'attaque contre l'Ukraine, le reste du monde entretient une vision beaucoup plus positive. «La Russie est un partenaire acceptable pour de nombreux pays», a constaté Timothy Garton Ash.

Même en Suisse, 30% considèrent la Russie comme un partenaire stratégique, voire un allié, avec lequel il faut collaborer. 45% n'ont pas d'avis. Et dans presque tous les pays (à l'exception de l'Ukraine), une majorité des personnes interrogées partent du principe que la Russie restera un acteur mondial. En Suisse, ce chiffre est de 61%.

L'image est mitigée lorsqu'il s'agit de l'influence de Trump sur la guerre en Ukraine. En Chine et en Russie, plus de 60% des personnes pensent qu'une paix est plus probable. Mais dans la plupart des pays, les optimistes sont en minorité, y compris en Suisse, où le nombre de personnes interrogées qui n'ont pas d'opinion claire est assez important.

Le jugement est relativement clair en ce qui concerne la responsabilité de la guerre. Dans pratiquement tous les pays interrogés, seule une petite minorité considère l'Ukraine comme seule ou principale responsable. Les exceptions sont la Chine et la Russie, mais même dans l'empire de Poutine, ils ne sont que 48%. Un résultat assez étonnant, au vu de la propagande qui entoure la guerre.

Mais seule une petite minorité estime qu'une victoire ukrainienne est probable. Même dans le pays attaqué, seuls 34% des personnes interrogées sont de cet avis. Cela semble réaliste. En revanche, dans presque tous les pays, une majorité (59% en Suisse) pense que la Chine dépassera les Etats-Unis en tant que première puissance mondiale d'ici 20 ans.

L'aspect le plus intéressant du point de vue suisse est la question du rôle de l'UE dans le monde. Chez nous, seuls 30% estiment qu'elle est une partenaire équivalente aux puissances mondiales. La Suisse est ainsi en queue de peloton, derrière les Britanniques du Brexit. Le bashing médiatique et politique permanent de l'UE a manifestement laissé des traces.

Un monde «à la carte»

Même parmi les onze pays de l'UE, l'optimisme est limité. Il est d'autant plus étonnant que l'influence de l'UE en tant qu'acteur mondial soit jugée de manière plus positive en dehors de l'Europe, même en Chine et aux Etats-Unis. C'est pourquoi les auteurs de l'étude ECFR voient dans le nouveau monde «trumpiste» une chance pour les Européens.

Ils doivent toutefois reconnaître qu'il s'agit d'un monde «à la carte», a souligné Timothy Garton Ash. Pour ce Britannique pro-UE, qui s'est opposé au Brexit, des concepts tels que le Sud mondial doivent être jetés à la poubelle.

«L'Europe est presque condamnée à devenir plus transactionnelle et à faire des affaires avec tout le monde»

Les démocraties libérales doivent «se boucher le nez et coopérer avec des partenaires difficiles», écrit l'historien dans une chronique du Guardian consacrée au sondage ECFR. Donc aussi avec la Chine ou l'Inde. A condition qu'ils soient «moins transactionnels entre eux». Dans ce cas, les Européens pourraient profiter du retour de Donald Trump.

Remarque: les onze pays de l'UE (Bulgarie, Danemark, Allemagne, Estonie, France, Italie, Pologne, Portugal, Roumanie, Espagne, Hongrie) sont regroupés dans cette enquête. Une évaluation séparée suivra.

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