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Suisse: le chef de l'armée de l'air s'emporte au sujet du F-35

«Un non-sens»: le chef de l'armée de l'air s'emporte au sujet du F-35

F-35: la Suisse est «de toute façon» dépendante des Etats-Unis
Le chef de l'armée de l'air Peter Merz est convaincu que l'achat du F-35 est dans l'intérêt de la Suisse.Image: getty/keystone
Les doutes sur l'achat des nouveaux avions de chasse se multiplient. Le chef des forces aériennes, Peter Merz, réagit et défend le F-35 avec virulence.
11.03.2025, 18:4311.03.2025, 22:26
Anna Wanner / ch media
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Il y a presque trois ans, la Suisse a décidé d'acheter 36 avions de chasse auprès de l'entreprise américaine Lockheed Martin. La Suisse déboursera six milliards de francs pour ces avions modernes, et le premier appareil devrait être opérationnel en 2030, comme prévu par le contrat. Cependant, les critiques sur cette acquisition ne cessent de croître. Et avec le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les doutes se sont intensifiés.

Peut-on encore compter sur les Etats-Unis?

Aujourd'hui, les préoccupations concernent surtout l'imprévisibilité de la politique extérieure américaine. «Nous ne savons plus si nous pouvons compter sur les Etats-Unis», a récemment déclaré Thierry Burkart, président du PLR, au journal alémanique Tages-Anzeiger. Il plaide pour un renforcement de l'industrie de défense européenne, pour un «Europe First».

Cédric Wermuth, co-président du PS, n'a pas mâché ses mots. Il a exigé l'arrêt des achats d'armement auprès des Etats-Unis, citant non seulement les F-35, mais aussi le système de défense Patriot.

«Trump est un fou d'extrême droite avec lequel nous ne devrions pas faire de transactions militaires»
Cédric Wermuth

Le chef de l'armée de l'air en colère

Peter Merz n'a pas laissé passer ces déclarations. Dans un message acerbe publié sur Facebook, le chef des forces aériennes suisses revient sur les déclarations de Cédric Wermuth:

«Il est quasiment insupportable de voir à quel point, en raison des évolutions géopolitiques, tous ces soi-disant experts s'en prennent de nouveau au F-35, lançant des affirmations techniques sans fondement, sans vraiment comprendre les enjeux. Certains vont même jusqu'à exiger l'annulation de l'achat sans saisir réellement ce que cela impliquerait.»

Peter Merz appelle le monde politique à garder son calme. Selon lui, comme la Suisse ne peut pas fabriquer ses propres avions de chasse, elle est obligée de «se fournir auprès d'un pays ami». Mais sur le marché, il n'y a «qu'un seul avion de chasse occidental qui surpasse tous les autres, de loin». Et cet avion, c'est le F-35. L'Europe a 20 à 30 ans de retard dans le développement d'avions de chasse, estime-t-il.

Le chef de l'armée de l'air est donc convaincu que l'achat du F-35 est dans l'intérêt de la Suisse.

«C'est le seul type d'avion qui sera utile aujourd'hui et dans un avenir proche»
Peter Merz
Peter Merz
Peter Merz, chef de l'armée de l'air suisse.Image: keystone

Tous les autres avions de chasse sont non seulement inférieurs d'un point de vue technologique, mais aussi plus chers à l'achat et à l'entretien.

Dépendance vis-à-vis des Etats-Unis

Mais la question de l'achat d'avions de chasse américains soulève des préoccupations sur le plan moral et sécuritaire, notamment en ce qui concerne la dépendance de la Suisse aux technologies et aux logiciels américains: dans quelle mesure les militaires suisses peuvent-ils utiliser ces systèmes sans dépendre des Etats-Unis?

Là encore, Peter Merz se montre clair. «Tous les avions de chasse occidentaux utilisent des technologies américaines». Selon lui, l’Europe et la Suisse sont «de toute façon» dépendantes des Etats-Unis, quel que soit l’avion de chasse choisi.

Pour Peter Merz, la demande du PS de sortir du contrat est donc un «non-sens total». Comme les avions de chasse F/A-18 actuels seront bientôt hors service, la Suisse ne pourra plus assurer seule la défense de son espace aérien à partir des années 2030 – «et ce, dans la période la plus dangereuse en Europe depuis des décennies».

De plus, un retrait serait également peu judicieux d'un point de vue financier. Peter Merz rappelle que la Suisse a déjà versé près d'un milliard de francs dans l'achat et que ce contrat est en cours.

«En annulant l'achat, ce ne serait pas Trump ou les Etats-Unis qui en pâtiraient, mais nous-mêmes»
Peter Merz

Peter Merz met en garde

Le chef de l'armée de l'air a le soutien du Département de la défense (DDPS). En réponse à plusieurs questions du Parlement, le département rassure, affirmant qu'il suppose que les Etats-Unis respecteront les contrats. Il déconseille également un retrait de l'accord. Bien qu'il n'y ait pas de pénalité contractuelle en cas de rupture, la Suisse a déjà payé 700 millions de francs. De plus, les avions de chasse sont essentiels pour la sécurité.

«Annuler le contrat signifierait pour la Suisse un affaiblissement considérable de sa capacité de défense. Elle ne pourrait alors plus protéger son espace aérien à partir de 2030»
Peter Merz

Peter Merz, qui quittera son poste fin septembre, tient à mettre en garde quant à la possible escalade de la guerre en Europe et l'incapacité de la Suisse à se défendre. Le personnel militaire manque d'équipement adéquat, les stocks de pièces de rechange et les dépôts de munitions ne sont pas prêts.

«Il nous manque 50 milliards de francs suisses pour rendre à l'armée suisse sa capacité de défense»

Selon lui, au lieu de tirer «les bonnes conclusions», la Suisse débat des «détails techniques» d’un avion de chasse déjà acquis.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

Le crash impressionnant d’un avion F-35 en Alaska
Video: watson
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