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Voici où l'armée suisse veut s'entraîner au système Patriot

L'armée suisse a un grand projet en Argovie pour sa stratégie de défense.
L'entraînement de certaines unités à l'utilisation des systèmes de défense aériens Patriot est l'un des composants clés de la nouvelle stratégie de défense de la Confédération.Image: Imago / Keystone, montage watson

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Prévue autrefois comme position pour les engins guidés, l'installation militaire de Bettwil en Argovie a servi pour l'instruction de diverses unités au cours des 26 dernières années. Le DDPS entend désormais la rénover pour le nouveau système de défense aérienne suisse.
06.08.2025, 11:5006.08.2025, 11:50
Philipp Eller / ch media
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A l'automne 1962, le monde semblait au bord du gouffre. Les Etats-Unis venaient de découvrir des installations militaires de l'Union soviétique à Cuba, à quelques centaines de kilomètres du continent américain. Une guerre nucléaire sans précédent menaçait alors la planète, et elle n'a pu être évitée qu'in extremis.

Une place forte pour la défense aérienne

Comme si la Suisse l'avait pressenti quelques mois plus tôt, elle avait informé la commune de Bettwil en Argovie et le Conseil d'Etat à l'été 1962 de ses intentions d'ériger un site militaire sur la crête du Lindenberg.

Le Département militaire d'alors (DMF), l'actuel DDPS (département de la Défense, de la Population et des Sports), prévoyait d'y installer une position d'engins guidés pour le système de défense Bloodhound. Malgré toutes les résistances de la population, la mise en service eut lieu en 1964.

Les bâtiments situés à l'entrée du terrain d'entraînement de Bettwil ont pris de l'âge. Le DDPS souhaite désormais moderniser l'installation.
Les bâtiments situés à l'entrée du terrain d'entraînement de Bettwil ont pris de l'âge. Le DDPS souhaite désormais moderniser l'installation dans son ensemble.Image: Philipp Eller

Une «cure de jouvence» pour tout le site

61 ans plus tard, l'installation existe toujours, presque à l'identique. Le dernier missile Bloodhound a toutefois été mis au rebut en 1999 et le site s'est transformé en terrain d'entraînement pour diverses unités. Des institutions civiles, telles que des organisations d'intervention en cas d'urgence s'y entraînent aussi régulièrement.

Mais le lieu a désormais besoin de rénovations, et ce, pour que l'armée puisse continuer à organiser des formations. Selon le DDPS, la plupart des bâtiments existants ont plus de 60 ans «et ne répondent plus ni aux exigences d'utilisation ni aux normes énergétiques». Dans une lettre d'information, on peut lire, en guise de conclusion:

«Une modernisation complète de l'ensemble de l'infrastructure est donc nécessaire»

Le DDPS prévoit ainsi cinq mesures. D'une part, plusieurs éléments trop vieux ou impossibles à rénover seront démolis. D'autre part, ceux qui le peuvent subiront une cure de jouvence. Idem pour les autres infrastructures de base et les conduites industrielles.

De nouveaux moyens de protection

Mais la mesure phare demeure la construction d'un bâtiment de remplacement efficace sur le plan énergétique. Le colonel Cédric Ruckli a déclaré en février à la population locale que des places d'hébergement et des locaux de formation étaient prévus, avec des dortoirs pouvant accueillir jusqu'à 20 personnes.

La lettre d'information du DDPS ne précise pas si le projet est toujours envisagé de la sorte. Selon les planifications actuelles de la Confédération, le chantier devrait démarrer en 2026.

Ce qui est certain en revanche, c'est que «le terrain d'exercice de Bettwil reste un site important pour l'instruction des troupes», selon le département. A l'avenir, il deviendra le principal terrain d'exercice pour le système de défense air-sol à longue portée Patriot. Celui-ci fait partie du programme Air2030 de la Confédération. La Suisse entend ainsi renouveler ses moyens de protection de l'espace aérien. Notamment par l'acquisition d'avions de combat.

Une image du passé: en 1998, des missiles Bloodhound étaient encore stationnés sur le Lindenberg. Un an plus tard, c'était fini.
Une image du passé: en 1998, des missiles Bloodhound étaient encore stationnés sur le Lindenberg. Un an plus tard, c'était fini.Image: Walter Schwager / ARC (1998)

Rassurer la population

Le projet n'aura pas de conséquences pour la population, comme l'assure le DDPS:

«Il n'y aura toujours pas d'entraînement à balles réelles. Comme par le passé, l'armée garantit le respect de toutes les valeurs limites en matière d'émissions»

De même, il n'y aura aucune restriction en dehors de l'installation.

Mais il faudra encore attendre un peu avant que le début du bal des pelleteuses. La modification partielle du plan des terres agricoles «Transformation de la zone militaire en zone agricole» sera publiée à partir du 8 août à la chancellerie communale de Bettwil.

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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