Les auteurs de la tentative de féminicide, où une femme a été brûlée vive, ont été jugés mardi coupables de tentative d'assassinat. Ils ont écopé de 17 et 14 ans de prison. La peine totale du commanditaire, qui va faire appel, s'élève à 18 ans avec les malversations financières.
«C'est un crime d'une force et d'une cruauté peu commune», a déclaré Bastien Sandoz, président du Tribunal criminel de Neuchâtel:
L'intention d'homicide était bien présente pour les deux prévenus, a dit le juge. «Ils étaient conscients qu'en procédant de telle manière, l'issue pouvait être la mort. C'est un acte très réfléchi, construit et préparé de longue date», a-t-il précisé.
Selon le juge, le commanditaire a agi «de manière odieuse, avec la volonté de faire le plus de mal possible» en choisissant de mettre le feu au visage de son ex-compagne. Il savait aussi que les enfants de la victime étaient atteints d'une maladie grave et cela ne l'a pas retenu de les priver de leur mère. Le mobile est égoïste, avec une possessivité maladive:
Ce quinquagénaire, qui a redit lundi qu'il était innocent, «s'est enfoncé dans le mensonge au fil des interrogatoires. Ses explications farfelues confinent à l'absurde», a expliqué le juge relevant de nombreux éléments qui l'incriminent (passage deux fois à la frontière franco-suisse le soir de l'agression, transferts d'argent, messages et témoignages).
La défense a expliqué les contradictions du prévenu par le brouillard, lié à la consommation d'alcool. Pour l'avocate Valérie Schweingruber Dupraz, les plans d'agression étaient des «discussions d'hommes bourrés».
Pour le tribunal, l'accusé n'a aucune remise en question personnelle et le risque de récidive est élevé. Un traitement psychiatrique lui sera imposé. A l'issue de sa peine, le Portugais sera expulsé – comme l'autre co-accusé – durant dix ans du territoire suisse.
Le tribunal a estimé que l'autre co-accusé est aussi pleinement responsable de son acte, malgré une dépendance aux psychotropes «Il a agi à la manière d'un tueur à gages», a noté le juge. Le mobile est financier, mais il paraît «dérisoire au regard d'une vie humaine». Le commanditaire lui a promis 5000 francs et une pension de 500 francs par mois.
Contrairement à ce que plaidait la défense, le tribunal a estimé qu'il n'y avait pas d'emprise de la part du commanditaire sur sa faculté d'agir. Le co-accusé était dans une situation psychologique fragile, du fait de sa dépendance, mais cela ne privait pas sa capacité de décision. «Il a joué un rôle prépondérant et était une pièce essentielle» pour que le crime ait lieu, a ajouté le juge.
L'avocat Pascal Queloz a plaidé les lésions corporelles graves. Il a fait valoir que son client, qui avait auparavant refusé plusieurs fois de passer à l'acte, avait déjà pris la fuite quand le feu a été mis à la victime. Il va très certainement recourir, car le troisième auteur de cette tentative de féminicide, a été condamné au Portugal, uniquement pour tentative de meurtre et pas tentative d'assassinat alors «que c'est lui qui a mis le feu».
Le tribunal a infligé une peine légèrement plus lourde pour le commanditaire, que celle requise par le Ministère public, soit 16 ans et demi pour la tentative d'assassinat et huit mois pour les malversations financières (escroquerie, faux dans les titres, violation de tenir une comptabilité) soit 17,3 ans au total. La peine est identique pour le co-accusé.
La victime, qui a été brûlée sur 25% de la surface de son corps, a eu le courage de s'exprimer lundi malgré ses lourdes séquelles psychiques et physiques. «Je ne veux plus jamais les revoir. J'aurais des envies de leur foutre le feu, qu'ils hurlent jusqu'à ce que l'on les éteigne» pour qu'ils comprennent la souffrance qu'ils m'ont infligée.
Le tribunal lui alloue une indemnité de 70 000 francs pour tort moral. Les deux enfants recevront chacun un montant de 20 000 francs. (jah/ats)