Avec son «bus des plages» qui dessert les nouveaux aménagements lacustres du canton et une offre gastronomique en plein essor, Genève a repositionné son offre touristique ces cinq dernières années. Objectif: compenser la baisse de la clientèle affaires suite à la crise sanitaire.
Ebranlée par la fin du salon de l'Auto, son rendez-vous industriel historique que l'on pensait indéboulonnable, mise à mal par la désaffection de la clientèle d'affaires, toujours dans le sillage des restrictions liées à la crise sanitaire, sans parler de la débâcle financière qui a signé le glas de son grand raout estival – feu les Fêtes de Genève -, la région du bout du Léman a dû entièrement se repositionner.
Et elle pourrait bien avoir réussi son pari. «Notre destination s'est très bien remise de la période de pandémie, avec une augmentation de 18% des nuitées si l'on compare 2019 à 2024», relève Adrien Genier, directeur de Genève tourisme.
L'an dernier, elle a même inscrit un record à 3,8 millions de nuitées, en hausse de 6,6% sur un an. Cette année s'annonce prometteuse également, avec une progression de 4,7% observée au premier trimestre, «malgré le fait que la haute saison est à peine amorcée», note la conseillère d'Etat en charge de l'économie et de l'emploi (DEE) Delphine Bachmann, alors que la haute saison est, elle, à peine amorcée.
Les données nationales de l'Office fédéral de la statistique pour le premier semestre sont elles attendues ce mardi.
Fait marquant, près d'un quart de la fréquentation, soit une majorité, vient de Suisse et dans l'ensemble, la clientèle s'est nettement diversifiée ces dernières années, indique Genève Tourisme.
Cette évolution reflète celle de l'offre et de la promotion touristique menée ces dernières années par les autorités. «La région peut certes toujours compter sur ses atouts emblématiques qui ont fait et continuent de faire sa notoriété, comme les quais, le jet d'eau, les institutions internationales et les musées. Mais de nouvelles offres viennent compléter la Genève historique», souligne Delphine Bachmann.
Des aménagements et buvettes destinés aux baigneurs ont essaimé ces dernières années tout autour de la Rade et du Rhône, tout récemment au pied du jet d'eau. Cette année a même été inauguré un bus spécial, baptisé ligne des plages, qui dessert pas moins de 26 de ces lieux, répartis sur six communes, depuis fin mai et jusqu'au 28 septembre.
La gastronomie, dans son ensemble, est davantage mise en avant. «Dans une Genève multiculturelle qui a tout d'une mégalopole, sauf la taille, l'offre est très variée, allant de la 'street food' aux grands restaurants étoilés», souligne Delphine Bachmann. Genève Tourisme a publié son Geneva Food Guide, dans lequel un fin gourmet de la région liste ses 60 tables préférées du canton. De quoi séduire les «foodistas» de tous horizons, friands de nourrir à leur tour leur «feed» Instagram de clichés de leurs meilleures trouvailles culinaires.
En parallèle, l'offre hôtelière s'est aussi élargie. «A côté des palaces destinés à une clientèle très haut de gamme, la région compte de nouveaux établissements de catégorie moyenne à supérieure», diversifiant ainsi les possibilités, souligne Vincent Subilia, directeur général de la Chambre du commerce et d'industrie et des services de Genève (CCIG). Des hôtels trois et quatre étoiles typiquement destinés à une clientèle plus locale, familiale.
«Il y a encore une marge de progression pour mettre davantage en valeur cette Genève moins connue et plus confidentielle, afin de montrer toute la diversité de notre région», souligne la ministre de l'économie. «Il s'agit de mettre en avant la diversité et la richesse de l'offre touristique, en misant sur des atouts parfois méconnus», renchérit Adrien Genier, soulignant que la «priorité désormais est d'allonger la période de séjour».
Autrefois tancée de trop vouloir courtiser une clientèle d'affaires ou du Golfe aujourd'hui en déclin (-7% depuis 2019), Genève a ajusté son offre à l'écosystème existant. Et la mue semble avoir opéré. (jzs/ats)