La nouvelle a été officialisée vendredi dernier: une ligne lacustre de transports publics verra le jour en septembre 2025 entre les communes genevoises de Corsier et de Bellevue. Dans un communiqué, la CGN indique avoir obtenu l'autorisation de l'Office fédéral des transports (OFT) pour exploiter cette Voie Bleue reliant les deux rives du canton de Genève.
Cité dans le document, Benoît Gaillard, président de la CGN, se réjouit de cette nouveauté:
Avec une traversée de «seulement 15 minutes», la CGN promet aux usagers un gain de temps «pouvant atteindre 1h30 par jour par rapport aux trajets en voiture ou en transports publics terrestres». Selon la compagnie, ce projet s'inscrit dans le cadre d'un objectif «zéro voiture» en utilisant des débarcadères déjà fonctionnels, situés à proximité des transports publics, et connectés aux pistes cyclables.
Face à la saturation routière, «la Voie Bleue s’impose comme une solution vertueuse, immédiate et respectueuse de l’environnement», ajoute la CGN.
De nombreux riverains ne l'entendent toutefois pas de cette oreille. Plusieurs associations et autres privés contestent en effet sa création. «Mes mandants s’étaient préparés à cette éventualité et ont déjà décidé de recourir au Tribunal administratif fédéral, qui sera saisi ces tout prochains jours», a annoncé leur avocat Romain Jordan dans un communiqué diffusé vendredi après le feu vert de l'OFT.
Présidente de l'association, Sauvons la baie de Corsier, Christine Soulié se bat contre la Voie Bleue depuis ses prémices. Au Temps, elle explique craindre que celle-ci ne génère un afflux de trafic, notamment frontalier, dans les rues inadaptées de sa commune.
Le journal genevois cite une étude commandée par les habitants de Corsier en 2023 démontrant que la commune pourrait accueillir entre 77 et 98 voitures par traversée si la voie lacustre voyait le jour. Une «situation dramatique» pour une localité qui ne compte que 44 places de parking à durée limitée.
Selon Le Temps, l'association Sauvons la baie de Corsier dénonce également l'«intérêt privé» de la Voie Bleue puisqu'elle profiterait principalement aux collaborateurs de la banque Lombard Odier. Cette dernière va en effet construire un nouveau siège social à Bellevue et fait partie du cofinancement du projet.
Interrogé par le quotidien genevois, l'un des promoteurs de la voie lacustre balaie toutefois cet argument. «[...] Si 12 communes soutiennent le projet, en plus du canton, c’est qu’il y a un intérêt public», affirme-t-il.
A noter que la commune de Corsier elle-même prévoit de faire recours.
Le lancement de la Voie Bleue débutera par une phase test de 3 ans, en utilisant uniquement des infrastructures existantes. Si celle-ci est concluante, un bateau «zéro émission» sera mis en service.
Sa mise en service est prévue pour le 15 septembre 2025. Le premier départ est prévu à 6h10 de Corsier pour Bellevue et à 6h32 dans le sens inverse, selon le site web de la Voie Bleue. (jzs)