La Suisse se prépare à jouer un rôle majeur dans la paix en Ukraine
Jusqu’ici, Donald Trump ne semblait pas accorder une grande attention à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Certains experts doutaient même que le président des Etats-Unis sache réellement de quoi il s’agit.
Une impression fondée: le poste d’ambassadeur des Etats-Unis auprès du siège de l’OSCE à Vienne est vacant. Depuis mars 2024, Washington n’y est plus représenté que par une diplomate faisant office de chargée d’affaires. Lors d’une séance extraordinaire consacrée à la guerre en Ukraine, celle-ci s'est bornée à lire des messages publiés sur les réseaux sociaux par Donald Trump et par le secrétaire d’Etat Marco Rubio.
Une présidence qui ne s'annonce pas simple
Mais à présent, l’OSCE semble bel et bien apparaître sur le radar de l’administration Trump. Et cela complique la tâche de la Suisse, qui assumera, dès le 1er janvier 2026, la présidence annuelle de l’organisation. A ce titre, le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, deviendra automatiquement président de l’OSCE.
Née en 1975 à Helsinki, l’ancêtre de l’OSCE a constitué un signal fort de détente entre l’Ouest et l’Est, en plein cœur de la Guerre froide. Aujourd’hui, l’organisation compte 57 Etats membres: les pays européens, les Etats post-soviétiques ainsi que le Canada et les Etats-Unis.
L’OSCE est l’un des derniers forums internationaux où la Russie, l’Ukraine et leurs alliés respectifs se retrouvent encore autour d’une même table. Or, son fonctionnement exige l'unanimité pour la plupart des décisions, ce qui la paralyse fréquemment.
Les demandes des Etats-Unis
La semaine dernière, les ministres des Affaires étrangères des pays membres se sont réunis à Vienne pour la conférence ministérielle annuelle. Les Etats-Unis y étaient représentés par le sous-secrétaire d’Etat Brendan Hanrahan.
Celui-ci a exhorté l’OSCE à faire preuve de «discipline managériale», plaidant pour une réduction budgétaire de 10%, moins d’évènements, moins de rapports, moins d’ingérence dans la politique intérieure des Etats membres, et un recentrage sur sa mission fondamentale:
Lors d’un entretien informel, lundi à Berne, l’ambassadeur suisse auprès de l’OSCE, Ralph Nägeli, s’est dit «pas surpris sur le fond» par la déclaration du représentant des Etats-Unis. Des requêtes similaires, a-t-il souligné, ont déjà été entendues dans d’autres organisations internationales.
Les objectifs de la Suisse
Personne ne conteste que l’OSCE doit évoluer. La difficulté tient à l’absence de consensus sur la manière d’y parvenir. Dans le dialogue en cours avec les représentants des Etats-Unis, Ralph Nägeli se dit toutefois «optimiste».
Lors de cette rencontre, les responsables du Département fédéral des affaires étrangères ont présenté les trois priorités fixées par le Conseil fédéral pour la présidence suisse: affermir les principes fondateurs de l’OSCE au service d’une paix durable, promouvoir une diplomatie inclusive et multilatérale, et renforcer la capacité d’action de l’organisation.
Quatre conférences thématiques se tiendront à Saint-Gall, Genève, Berne et Zoug, avant le bouquet final: la réunion des ministres de l’OSCE prévue en décembre à Lugano.
Etre prêts en cas de cessez-le-feu et de paix
De grandes réformes semblent peu réalistes durant la présidence suisse. En revanche, si un cessez-le-feu intervient en Ukraine, l’OSCE pourrait jouer un rôle essentiel. Jusqu’au déclenchement de l’offensive russe en février 2022, jusqu’à 1500 observateurs civils de l’organisation surveillaient la ligne de cessez-le-feu le long des zones du Donbass tenues par les milices prorusses.
L’ambassadeur Ralph Nägeli le souligne: déployer aujourd’hui des civils non armés le long d’un front lourdement miné «n’est pas une option». Mais, sous la coordination conjointe de la présidence finlandaise sortante et de la Suisse, l’OSCE a préparé plusieurs scénarios. Parmi eux: accompagner des réunions entre représentants militaires ukrainiens et russes. Une chose est acquise d’emblée:
Ces préparatifs vont dans le sens souhaité par Washington. A Vienne, le représentant des Etats-Unis Brendan Hanrahan a déclaré espérer «que l’OSCE sera prête lorsque le président Trump aura réussi à mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine».
