Suisse
International

Pass sanitaire: finalement, la Suisse, «elle a copié la France»

Cheese festival, Gruyere, Switzerland - May 4, 2014. Swiss musicians play the alphorn, typical instrument on the main street of the Gruyere village on May 4, 2014
Image: Shutterstock (sainath bovay)
Analyse

Pass sanitaire: finalement, la Suisse, «elle a copié la France»

Face à l'offensive vaccinale anti-Covid-19, la Suisse se croyait en «zone libre». La voilà désormais alignée sur cette France qu'il ne faudrait, paraît-il, jamais prendre en exemple. Entre nous, l'arrivée du pass sanitaire, c'était un peu écrit, non?
11.09.2021, 11:5212.09.2021, 10:35
Plus de «Suisse»

Ça n’arriverait pas en Suisse. Parce que la Suisse n’est pas la France. Parce que la Suisse ne doit pas être comme la France. Depuis mercredi 8 septembre et la décision du Conseil fédéral d'introduire le pass sanitaire, en l'appliquant aux cafés et restaurants, la ligne de démarcation a sauté. La «zone libre» qu’était la Suisse face à la «dictature sanitaire» en vigueur en France est devenue «zone occupée», dans l'esprit des antivax.

La France? Jamais!

Tout au long de la pandémie, nous n’aurons cessé en Suisse de nous comparer à la France. Pour nous rassurer. Pour réaffirmer notre maturité citoyenne et toute notre modestie de cor des Alpes face à cet insupportable coq claironnant matin, midi et soir.

Marchant sur des œufs, ceux de la démocratie directe et du fédéralisme, le Conseil fédéral aura toujours cherché à se démarquer, avec subtilité, du gouvernement français. Au «confinement» répondit un «semi-confinement». Que disaient nos responsables fédéraux et cantonaux? En Suisse, nous ne faisons pas comme en France. Ce que beaucoup ont traduit par: en Suisse, nous ne ferons jamais comme en France.

Cette communication officielle, en particulier celle destinée aux Romands, s’est en permanence déployée en miroir des décisions prises en France, jugées abruptes et dont il fallait se démarquer par un côté plus «bonhomme», plus «suisse», en somme.

La doctrine Berset

Dans un dialogue mis en scène par notre confrère Heidi.news, deux journalistes de cette rédaction s’opposaient après que le président Macron eut annoncé, le 12 juillet, deux mesures fortes resserrant les contraintes: l'introduction du pass sanitaire et l'obligation vaccinale pour les soignants.

«T’imagines: les gosses dès 12 ans devront avoir un pass sanitaire pour aller acheter des mangas et des bonbons, mais les policiers et gendarmes ne sont pas soumis à l’obligation vaccinale, ni au pass sanitaire. C’est quoi ce monde qui se dessine en France?»
Annick Chevillot, journaliste à Heidi.news

Dans une période de crise inédite, avec une frange de la population viscéralement attachée à l’esprit d’indépendance propre à l’histoire suisse, la gouvernance du Conseil fédéral a suivi une ligne de crête. On peut la résumer par cette formule tout en rondeurs consensuelles du ministre de la santé Alain Berset: «Aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire» (avril 2020).

L'abo demi-tarif anti-Covid

Mais, chez les vax comme chez les antivax, une petite voix susurrait que cette exception suisse, par beaucoup brandie face à l’épouvantail français, ne durerait pas. Qu’on y viendrait un jour ou l’autre, au pass sanitaire, au détriment du bon vieux certificat Covid, cet abo demi-tarif de la lutte contre la maladie. A watson, ce jour, nous le pressentions. Place à l'abonnement général, aux grands moyens! En plus, c'est gratuit.

Le «tout sauf comme la France» n’a donc pas résisté. La Suisse s’est «couchée». Sur les réseaux, c’est l’abattement chez ceux qui espéraient que la Confédération tiendrait bon.

L'affaire prend un tour international, avec ces soutiens de France ou de Belgique aux antipass helvétiques. Pour eux, la Suisse faisait jusqu'ici figure d’exemple. Elle était ce village gaulois résistant, encore et encore, à l'impérialisme sanitaire incarné par la Rome élyséenne.

Le Covid-19, comme le dernier Euro de foot, ont fait resurgir ce rapport un brin obsessionnel d'une partie des Romands au voisin français. Longtemps vu comme supérieur, à présent comme inférieur, tant il semble englué dans les difficultés de tous ordres. Alors, le fait que le Conseil fédéral paraisse désormais s'aligner sur cette France de la «lose», passe mal auprès d'un public qui place la Suisse bien au-dessus.

Internationale antipass

Les réactions négatives à la décision du Conseil fédéral d'imposer le pass sanitaire, font apparaître une «internationale antipass», dont les arguments dépassent largement le périmètre franco-suisse. Chacun se rend bien compte que le France n'est pas le seul pays où prévaut une intransigeance toujours plus grande vis-à-vis des antivax et des antipass. En Europe, tous les Etats affichant des taux d'immunité insuffisants face au virus, accélèrent le mouvement vaccinal.

Déjà, ainsi qu'en témoigne le commentaire ci-après de l'intellectuel romand antisystème Slobodan Despot, il n'est plus question seulement de la France, mais de «Davos», rapport au forum du même nom, vu comme le repaire des «élites déconnectées».

La problématique est universelle, doit-on comprendre. Vax et antivax, là-dessus, se retrouvent. Notre «y en a point comme nous» n'est plus ce qu'il était.

Et les jeunes ils en pensent quoi du certificat? 👇

Vidéo: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
6 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
6
Les forces israéliennes se retirent d’un axe stratégique à Gaza
L’armée israélienne a quitté le couloir de Netzarim, rouvrant une liaison clé entre le nord et le sud de Gaza dans le cadre de la trêve avec le Hamas.

L'armée israélienne a achevé dimanche son retrait du couloir de Netzarim, qui coupe en deux la bande de Gaza, permettant la libre circulation entre le nord et le sud du territoire dans le cadre du fragile accord de trêve avec le Hamas.

L’article