Un événement musulman qui devait se tenir le 8 mars à Genève dans les premiers jours du ramadan a été annulé, a appris watson ce vendredi 28 février. «Il en va de même pour tous les autres événements organisés en Suisse romande», indique l’organisateur, Swiss Barakah Charity, sollicité par e-mail. Après Genève, Bienne, Vevey et Lausanne devaient accueillir une soirée caritative et de prière organisée par Swiss Barakah Charity, respectivement les 9, 14 et 15 mars. Tous ces rendez-vous sont donc supprimés.
Trois orateurs devaient animer la soirée du 8 mars à Genève, prévue à la salle Palladium et dont le thème était le suivant: «Iftar, Genève pour Gaza» (l’iftar désigne la rupture du jeûne en islam). Parmi les trois orateurs figurait «cheikh» Youssef Ibram. Le 22 février, la NZZ am Sonntag révélait que Youssef Ibram ne participerait pas à l’«iftar» du 8 mars organisé par Swiss Barakah Charity. En cause, d’anciens propos exhumés par l’hebdomadaire zurichois, dans lesquels ce prêcheur d’origine marocaine justifiait la lapidation des femmes adultères, condamnait la masturbation et le port de vêtements légers par des femmes. En 2016, Le Temps parlait de lui comme d’un «imam sulfureux».
Sur ce, Swiss Barakah Charity procédait au remplacement de Youssef Ibram pour la soirée du 8 mars à Genève par un autre imam, Abdullah Mala, comme l’indiquait un nouveau flyer électronique publié cette semaine par l'organisateur, que watson a remarqué mais qui a depuis été ôté, ce retrait attestant de l'annulation pure et simple de l'événement correspondant. Le même imam devait prendre la parole le 15 mars à Lausanne, avons-nous constaté. Le nom d’Adbullah Mala n’est pas inconnu. Originaire du Kosovo, il prêche ou a prêché à Martigny notamment.
Comme l’indiquait Le Temps en octobre 2015 sans plus de précisions, Adbullah Mala a suivi une formation à l’IESH, l’Institut européen des sciences humaines. Or l’IESH, basé à Château-Chinon, en France, a été créé en 1990 par des représentants des Frères musulmans en exil. Les Frères musulmans sont l’un de principaux courants islamistes, ce qui ne préjuge pas de l’orientation religieuse de l’ensemble des cadres formés à l’IESH.
«Nous ne connaissions pas l’IESH», affirme Swiss Barakah Charity dans sa réponse à watson. Se décrivant sur son site comme une organisation humanitaire, Swiss Barakah Charity a été fondée en 2019 à Zurich. Elle est active dans plus 60 pays. En 2023, elle a récolté 6,3 millions de francs de dons. Elle se mobilise pour venir en aide à Gaza, en autres, indique encore la NZZ am Sonntag dans son article posté le 22 février.
Dans sa réponse transmise à watson par e-mail, Swiss Barakah Charity indique avoir pris des résolutions:
Swiss Barakah Charity ajoute:
L’organisation humanitaire basée à Zurich ne souhaite visiblement en aucun cas être associée à quelque idéologie islamiste:
Outre l’événement du 8 mars à Genève, un autre qui devait avoir lieu le lendemain à Bienne, également organisée par Swiss Barakah Charity, a été supprimé.
Après l’annulation d’un événement musulman qui devait se tenir le 1er février, à Bienne déjà, à l’initiative d’un groupe spécialisé dans le «business» des voyages à la Mecque et auquel devaient participer des influenceurs de type salafiste appréciés d’une partie de la jeunesse musulmane, l’annulation de tous les événements prévus en Suisse romande par Swiss Barakah Charity apparaît au minimum comme une mesure de prudence. L'organisation humanitaire ignorait-elle le profil idéologique sulfureux d'une partie des intervenants qu'elle avait conviés? Elle a en tout cas préféré ne pas courir de risques pour sa réputation.