Suisse
La Poste

La Poste délocalise au Portugal et brise une promesse récente

ARCHIV -- ZUR HAUSDURCHSUCHUNG IM HAUPTSITZ DER POST IN BERN AM MITTWOCH, 15. AUGUST 2018, STELLEN WIR IHNEN FOLGENDES BILDMATERIAL ZUR VERFUEGUNG -- Der Hauptsitz der Post, am Donnerstag, 31. Maerz 2 ...
La Poste change de cap et délocalise des emplois à l’étranger.Image: KEYSTONE

La Poste a rompu une promesse

Pour réduire ses coûts, la Poste va délocaliser au moins 140 emplois à l’étranger. Des élus romands ont réagi.
23.09.2025, 16:5523.09.2025, 16:55
Florence Vuichard / ch media

Wolfgang Eger a de multiples compétences. Son profil sur Linkedin en dénombre pas moins de 44. Tout en haut figure l’outsourcing, soit le déplacement de services et d’emplois à l'étranger. En tant que directeur informatique de la Poste, c’est exactement ce que fait aujourd’hui Wolfgang Eger: Il transfère des postes de travail de la Suisse vers le Portugal.

Il avait pourtant promis le contraire il y a trois ans. Alors que l'entreprise publique annonçait la création d’une filiale informatique à Lisbonne, elle avait assuré:

«La Poste ne délocalisera pas d’emplois dans l'IT à l’étranger»

Trois ans plus tard, cette promesse ne vaut plus rien. La Poste va transférer au moins 140 emplois de son secteur informatique au Portugal. Le nombre de postes à plein temps sur son campus IT de Lisbonne passera ainsi de 60 à 200 d’ici 2030. A cela s’ajouteront 60 collaborateurs externes, employés par d’autres sociétés mais travaillant pour la Poste. L'effectif en Suisse, lui, diminuera.

Aujourd’hui, la Poste compte 1440 emplois IT à plein temps dans le pays. D’ici 2030, elle prévoit «environ 500 départs internes» liés à la fluctuation naturelle et aux retraites. Ces départs doivent compenser la réduction d’effectifs. «Il n’y aura pas de licenciements», assure la Poste. Mais l’entreprise publique refuse de dire combien de postes resteront en Suisse, et ne précise pas si seuls 140 à 200 postes disparaîtront, ou davantage.

L’heure est aux économies pour La Poste

Il y a trois ans, les partenaires sociaux n'y croyaient pas, mais avaient fini par accepter la situation, sans doute à cause des promesses de ne pas licencier.

A l’époque, Wolfgang Eger expliquait que le projet portugais permettait uniquement de recruter les informaticiens que la Poste ne trouvait plus en Suisse. Il avait mis en avant l'argument de la pénurie locale de spécialistes, et laissait entendre que Lisbonne pourrait même servir de vivier pour attirer par la suite des experts vers la Suisse.

La Poste évoque toujours un manque de main-d'œuvre qualifiée. Interrogé par la Schweiz am Wochenende, Wolfgang Eger reconnaît toutefois que «des considérations économiques et la pression croissante sur les coûts entrent en ligne de compte». Il ajoute:

«La Suisse reste le principal site et la plaque tournante de l’informatique du groupe»

Selon lui, «la grande majorité des postes IT» continuera d’être pourvue en Suisse.

La Poste ne dit pas combien elle espère économiser avec ce transfert. Elle précise seulement que les salaires sont plus bas au Portugal, même si elle affirme proposer à Lisbonne des «conditions de travail supérieures à la moyenne».

Validée début septembre par le conseil d’administration de la Poste, la décision est désormais mise en œuvre. Les partenaires sociaux dénoncent une tromperie. Kerstin Büchel, du syndicat Transfair, a affirmé:

«L’argument du manque de personnel qualifié ne tient plus»

«La Poste ne cherche même plus à pourvoir les postes vacants en Suisse», lance-t-il. Pour Matthias Loosli, de Syndicom, externaliser des emplois à forte valeur ajoutée nuit autant à l’entreprise qu’à l’économie nationale. «C’est la mauvaise direction», estime-t-il.

Les syndicats craignent aussi que ce projet ne soit qu’un début, et Kerstin Büchel redoute d’autres vagues d’externalisation. «Qu'est-ce qui va venir ensuite?» a-t-elle demandé, faisant allusion aux projets de la Poste pour le courrier électronique.

Des élus romands réagissent

Face à ces inquiétudes, les syndicats réclament un soutien politique. «C’est au Parlement d’intervenir maintenant», a dit Kerstin Büchel. La Poste appartient à 100% à la Confédération, qui doit, en tant que propriétaire, empêcher cette délocalisation.

Jean-Luc Addor, SVP-VS, spricht waehrend der Wintersession der Eidgenoessischen Raete, am Donnerstag, 12. Dezember 2024 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Jean-Luc Addor.Keystone

A la suite d'un article du Tagesanzeiger début septembre, certains élus ont déjà réagi. Mercredi dernier lors de la session à Berne, le conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS) est intervenu avec une question. Il a demandé au Conseil fédéral:

«Cette délocalisation ne constitue-t-elle pas une forme de dumping salarial inacceptable de la part d'une entreprise entièrement en mains de la Confédération?»

Elu PLR vaudois, Olivier Feller a également réagi lors de la même session. Dans une question, il a demandé:

Le Conseil fédéral connaît-il donc les intentions stratégiques, à terme, de la Poste en matière de délocalisation de postes de travail, notamment en matière informatique?

Le Vaudois a apporté lui-même un élément de réponse dans sa propre question, disant que:

«Le Conseil fédéral commence toujours par préciser qu’il pilote la Poste au travers d’objectifs stratégiques mais qu’il n’intervient pas dans les activités opérationnelles.»
Bundesrat Albert Roesti spricht waehrend der Debatte um die Unterstuetzung elektronischer Medien, an der Herbstsession der Eidgenoessischen Raete, am Dienstag, 23. September 2025 im Nationalrat in Ber ...
Albert Rösti.Keystone

Dans sa réponse, le conseiller fédéral Albert Rösti a tenté d’apaiser les esprits, rappelant qu’aucun licenciement n’était prévu en Suisse. «C’est un point important pour moi aussi», a-t-il déclaré devant le Parlement. Mais Jean-Luc Addor n'a pas été convaincu par ces arguments, et a déjà déposé une nouvelle intervention.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

20 plats américains qui méritent d'être connus
1 / 22
20 plats américains qui méritent d'être connus

La clam chowder est un plat populaire dans tout le pays, mais la meilleure se trouve en Nouvelle-Angleterre.

source: boston globe / boston globe
partager sur Facebookpartager sur X
Voici Kevin, le mouton qui fait rire les réseaux sociaux
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
As-tu quelque chose à nous dire ?
As-tu une remarque pertinente ou as-tu découvert une erreur ? Tu peux volontiers nous transmettre ton message via le formulaire.
2 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
2
Plus de la moitié des Suisses jugent insupportable une hausse de 5%
Le Conseil fédéral s'apprête à annoncer une nouvelle hausse des primes d'assurance maladie pour la nouvelle année. Une augmentation difficile à avaler pour une majorité de Suisses.
Alors que le Conseil fédéral doit annoncer mardi l'augmentation des primes d'assurance maladie pour 2026, plus de la moitié des Suisses jugent insupportable une nouvelle hausse de 4 à 5%, selon un sondage de Comparis. Pas moins de 85% des sondés seraient prêts à changer d'assureur, de modèle ou de franchise si les primes augmentaient de 50 francs par mois.
L’article