La situation était tendue entre la police et un groupe de gens du voyage, ce lundi midi, aux abords du quartier lausannois de La Bourdonnette. Un barrage des forces de l'ordre empêchait des caravanes d’en rejoindre d’autres. Le trafic routier était partiellement perturbé. Les gens du voyage ne souhaitaient pas être photographiés par watson ni filmés par une équipe de la RTS, présente sur les lieux.
Plus tôt dans la matinée, nous avions bu un café avec Diago, 40 ans, dans la supérette d’une station-service, située non loin du campement de quatorze caravanes installées sur un parking bordé par la route cantonale 76 et l’autoroute Lausanne-Genève.
Porte-parole de ces gens du voyage, Diago, avec qui watson est en contact depuis des événements survenus le 15 avril en Valais, présentait la donne: samedi dans la nuit, selon ses dires, venant de La Vue des Alpes, sur les hauteurs du canton de Neuchâtel, le groupe de 14 caravanes précité a fait halte sur un parking proche de la Bourdonnette, où les nomades étrangers ont leurs habitudes lorsqu’ils sont de passage.
Ce premier convoi a été rejoint par au moins sept autres caravanes le lendemain, en provenance, elles aussi, de La Vue des Alpes. Mais ces dernières n’ont pas pu rejoindre le groupe déjà en place, le chemin goudronné donnant accès au parking étant bloqué à ses deux entrées. L’une était fermée par deux barrières gardées par des agents de sécurité, l’autre, obstruée par des blocs de béton précédemment posés là, probablement par la police.
C’est au moment où le deuxième groupe de sept caravanes, jusque-là garé sur un autre parking, tentait de rejoindre le premier, que la tension est montée. Alors que des gens du voyage s’employaient à dégager les blocs de béton, la police est accourue pour les en empêcher. Dans le même temps, une voiture de police arrivant sirènes hurlantes a partiellement interrompu la circulation sur la route cantonale, de façon à ce qu’une partie du groupe de sept caravanes ne puisse pas rallier l’autre partie déjà engagée sur le chemin d’accès et bloquée dans sa progression par les forces de l’ordre.
La matin, Diago disait vouloir se rendre à un emplacement où des gens du voyage se trouvent en ce moment, à Rennaz, près de Villeneuve, à l’extrémité Est du lac Léman, toujours dans le canton de Vaud. «Il y a là-bas 40 caravanes, ma sœur et mon frère y sont.»
Arrivé en mars à La Vue des Alpes, l’un de ces emplacements temporaires réservés aux gens du voyage étrangers séjournant en Suisse, le groupe de Diago, venant de France et de nationalité française, n’a eu de cesse de vouloir quitter cet endroit «froid et humide», «mauvais pour les asthmatiques et les femmes enceintes», «où des gens du coin passant en voiture nous insultent et nous font des bras d’honneur, comme un policier neuchâtelois peut en témoigner», dit-il.
C’est pourquoi, le 15 avril, lui et les siens avaient décidé de rejoindre un camping à Gampel, dans le canton du Valais. Mais la police valaisanne leur avait interdit toute avancée, bloquant leur convoi de 44 caravanes et en même temps le trafic autoroutier pendant de longues heures à hauteur de Saint-Maurice, à l’entrée du canton. Refoulés, les caravanes et leurs occupants étaient retournés dans les Montagnes neuchâteloises.
Lundi 28 avril, Diago pensait pouvoir s’établir pour trois semaines dans un camping à Colombier, dans le bas du canton de Neuchâtel, avec 10 des mêmes 44 caravanes. Alors qu’un devis de 8000 francs avait été convenu, le directeur du camping, invoquant de «mauvaises expériences par le passé avec des gens du voyage», décidait finalement de ne pas héberger les dix caravanes. Déception.
Quatre jours plus tard, Diago, père de famille de 40 ans, quittait à nouveau La Vue-des-Alpes, cette fois-ci avec quatorze caravanes et sept de plus le lendemain, dans le but d'atteindre l’emplacement de Rennaz prévu pour les gens du voyage étrangers. Mais les autorités vaudoises y mettaient le holà. Si bien que le convoi était à l'arrêt au parking de La Bourdonnette, menacé de devoir payer des amendes chaque jour passé là, selon Diago, mais espérant toujours pouvoir gagner Rennaz.
Ce lundi 5 mai, la police municipale se voulait visiblement intransigeante. Une épreuve de force s'engageait. Une plainte pénale a été déposée par la Ville de Lausanne pour occupation illégale d'un lieu public, sans autorisation préalable, indique un communiqué. L'affaire a été transmise au ministère public. Nous avons tenté sans succès de joindre l'avocat représentant les intérêts de Diago et des siens.