Les ménages locataires paient tous les mois 360 francs en trop pour leur loyer, dénonce l'Asloca, l'Association suisse des locataires. Elle lance vendredi une initiative populaire fédérale visant à maîtriser la hausse des loyers.
L'initiative «Oui à la protection contre les loyers abusifs (initiative sur les loyers)» exige que les loyers se réfèrent aux coûts effectifs majorés d'un rendement limité. Elle demande aussi un contrôle automatique et régulier des loyers, qui doit également être possible sur demande du locataire.
Les loyers sont trop chers, fustige l'Asloca dans un communiqué. Depuis 20 ans, ils n'ont fait qu'augmenter alors qu'ils auraient dû baisser, selon la loi en vigueur et les taux d'intérêts hypothécaires historiquement bas, explique-t-elle:
L'Asloca rappelle que plus de 60% des ménages suisses sont locataires. Elle devrait commencer à récolter les 100 000 signatures nécessaires le 3 juin.
«Se loger n'est pas un choix, c'est un besoin fondamental», a lancé la conseillère nationale Jacqueline Badran (PS/ZH). Or, de plus en plus de locataires ne peuvent plus se permettre de déménager. «Seulement 0,5% des nouveaux locataires osent contester leur loyer», a avancé la conseillère nationale Jessica Jaccoud (PS/VD). Et de continuer:
«Les locataires paient chaque année des milliards de francs de manière indue», a abondé le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga (PS/GE), président de l'Asloca Suisse. Or au lieu de régler «ce problème social», le Parlement a, ces dernières années, «détricoté» le droit du bail, au détriment des locataires, a-t-il poursuivi.
La lutte contre les loyers abusifs figure déjà dans la Constitution suisse. Mais il manque un mécanisme de contrôle efficace, estime l'Asloca. C'est pourquoi, avec l'initiative, elle veut inscrire le principe des loyers fondés sur les coûts. «Il faut des règles», selon le conseiller national Michael Töngi (Verts/LU), vice-président de l'Asloca Suisse. Et d'ajouter:
Sans contrôle, les sociétés immobilières se remplissent les poches, fustige le comité d'initiative. L'immobilier est ainsi aujourd'hui considéré comme un placement financier.
Dans un communiqué vendredi, l’Association suisse des propriétaires rejette les revendications et les exigences de l’Asloca. Et d'écrire:
Ces derniers mettent en doute l'étude de l'association des locataires. «Cette étude a longtemps été critiquée – y compris par le Conseil fédéral – comme étant méthodologiquement discutable et partiale», affirme l'association, pour laquelle le logement «est abordable pour la majorité de la population.» (jah/ats)