Uber et la Suisse, une histoire d'expansion et d'indignation, d'innovation et de procédures judiciaires. L'entreprise de San Francisco a débarqué en 2013. Trois ans plus tard, elle a créé son siège social, Uber Switzerland GmbH, à Zurich.
Elle s'est depuis implantée dans tout le pays et s'est régulièrement heurtée aux syndicats et au secteur des taxis sur la question des conditions de travail.
Ses activités en Suisse ont toujours été gérées depuis son siège social à Zurich. Mais celui-ci a été transféré à Lucerne, d'après une inscription au registre du commerce datée du 5 septembre. Le nouveau siège se situe dans le centre d'affaires Office Werft, juste à côté du lac des Quatre-Cantons. Les locaux zurichois continueront à être utilisés, mais ils ont perdu leur statut.
Un porte-parole d'Uber confirme le déménagement. Il détaille les raisons de cette décision:
Le nouveau bureau de Lucerne compte actuellement cinq collaborateurs. Le changement ne concerne que Uber Switzerland GmbH et non le service de livraison de repas Uber Eats, qui reste basé à Zurich.
Le porte-parole ne précise pas si des considérations fiscales ont pesé dans la balance. En effet, la situation en la matière est plus favorable pour les entreprises à Lucerne qu'à Zurich. Si l'on compare la charge fiscale des entreprises, Zurich se trouve, avec Berne, en queue de classement, tandis que Lucerne, avec d'autres cantons de Suisse centrale, fait partie des plus avantageux.
Uber a connu des années mouvementées. Lancée à San Francisco en 2009, l'entreprise n'a engrangé son premier bénéfice annuel qu'en 2023. Depuis, elle connaît une forte croissance. Son chiffre d'affaires a progressé en 2024 de 18% par rapport à l'année précédente, pour atteindre 44 milliards de dollars; et sa marge bénéficiaire est passée de 5,1% à 22%.
Le développement d'Uber en Suisse suit la cadence. Andreas Hinterberger, directeur pour les pays germanophones, expliquait en avril qu'on retrouvait désormais sa compagnie dans 18 des 26 cantons.
Si son expansion est couronnée de succès, son modèle économique demeure, lui, controversé. Les services d'Uber suscitent depuis des années l'indignation des syndicats et font l'objet de procédures judiciaires. Le syndicat Unia reproche régulièrement à cette entreprise multimilliardaire de contourner les lois en vigueur et d'ignorer les conventions collectives. Plusieurs jugements ont été rendus dans le passé, qui ont tous été portés devant le Tribunal fédéral.
A Genève notamment, on observe une résistance forte depuis des années. Car on cherche avant tout à savoir s'il existe une relation de travail entre Uber et les chauffeurs et si, par conséquent, il faut leur verser des prestations sociales ou un salaire minimum.
Unia a obtenu gain de cause dans plusieurs procédures, mais, comme chaque canton applique une législation différente en matière de taxis, la situation globale reste floue. Le porte-parole d'Uber affirme que le changement de siège social n'a aucun lien avec les décisions du Tribunal fédéral.
(Adaptation française: Valentine Zenker)