Plusieurs milliers de travailleurs du bâtiment ont manifesté samedi après-midi à Lausanne et Zurich. Ils ont réclamé des augmentations de salaire, des horaires de travail favorables à la vie de famille et le respect de leur travail.
Selon les estimations de journalistes de Keystone-ATS présents sur place, environ 3000 personnes se sont rassemblées à Zurich et 2000 à Lausanne. Les organisateurs, les syndicats Unia et Syna, évoquent plus de 10'000 manifestants.
A Lausanne, la mobilisation, autorisée, a débuté vers 13h00. «Maçons romands en lutte», «Plus de protection», «Nous nous battons pour notre santé et notre dignité» ou encore «Moins de pression au travail – Plus de pouvoir d'achat», pouvait-on lire sur de larges banderoles et pancartes. Musique, tambours, sifflets, klaxons et chants étaient au rendez-vous. Les manifestants ont scandé à plusieurs reprises:
A Zurich, une pelleteuse a pris la tête du cortège et des haut-parleurs ont diffusé des chants ouvriers italiens. De nombreux manifestants portaient des drapeaux Unia et Syna.
Les manifestants sont venus de toute la Suisse alémanique et du Tessin. Plusieurs groupes de tambours ont défilé, accompagnés de centaines de sifflets et de fumée rouge. La manifestation a traversé le centre-ville pendant environ une heure jusqu'à l'Helvetiaplatz, où elle s'est terminée en musique et avec des discours d'ouvriers et de syndicalistes.
Les syndicats Unia et Syna ont récemment posé leurs exigences en vue du renouvellement de la convention nationale (CN) du secteur principal de la construction, qui concerne quelque 80 000 personnes, en vigueur depuis le 1er janvier 2023 et qui arrive à échéance à la fin de l'année. Selon eux, les discussions s'annoncent «difficiles».
Les travailleurs exigent des patrons des journées de travail limitées à huit heures, permettant de concilier travail et famille, une indemnité pour la pause du matin et le paiement intégral du temps de déplacement. Le travail le samedi doit aussi être limité et les salaires augmentés. Ils revendiquent «des hausses décentes pour tous et une compensation du renchérissement assurée à l'avenir».
Aujourd'hui, il arrive qu'un travailleur soit absent 13h ou 14h de la maison, si l'on prend en compte sa journée de travail et ses déplacements, dénoncent les syndicats.
La Société suisse des entrepreneurs (SSE) ne devrait s'exprimer qu'après la première ronde de discussions, agendée au 7 juillet, au «sujet des éventuelles demandes concrètes des syndicats», avait-elle indiqué début avril.
En automne 2022, lors des négociations pour la CN actuellement en vigueur (neuf tours intenses au total), quelque 15'000 maçons étaient descendus dans les rues pour défendre leurs revendications en différentes villes de Suisse. Cette CN avait intégré une augmentation des salaires effectifs de 150 francs et des salaires minimums de 100 francs.
«J'espère que cette fois-ci les négociations iront plus vite et mieux», a confié à Keystone-ATS Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse (USS) et conseiller aux Etats (PS/VD), casquette rouge vissée sur la tête aux côtés des travailleurs de la construction. PYM a affirmé:
«Cela représente une pression énorme sur le temps de travail. Il faut calmer cette pression et réguler tout ça», clame-t-il. L'autre message, selon lui, c'est la sécurité. «Il faut une meilleure sécurisation et protection sur les chantiers».
Une minute de silence a d'ailleurs été observée durant la manifestation de samedi en hommage à toutes les victimes sur les chantiers, et plus particulièrement aux trois ouvriers morts dans l'effondrement d'un échafaudage à Prilly-Malley. (ats)