En 2025, les Saints de glace reviendront en Suisse du dimanche 11 mai au jeudi 15 mai. Ils ont lieu chaque année à la même date. Il est cependant intéressant de noter qu'en raison du passage au calendrier grégorien en 1582, les dates des saints de glace ont été décalées au 19 mai, même si cette donnée est le plus souvent occultée.
Ces dernières semaines, et en dehors de quelques épisodes climatiques extrêmes, les amateurs de plantes ont pu globalement profiter de températures de saison et d'une arrivée de printemps chaude, tout récemment équilibrée par un épisode de pluie. Mais qu'en est-il des Saints de glace, faudra-t-il s'en méfier?
Pour la période du 11 au 18 mai, MétéoSuisse prévoit des températures de saison normales en Suisse romande, situées entre 13.5°C et 15.7°C, avec une réserve toutefois sur l'éventualité de journées plus fraiches. Côté précipitations, c'est un temps usuel à sec qui se dessine, soit des précipitations globales se situant entre 0mm et 20mm, toujours avec la possibilité, plus faible, d'une météo plus humide en certains endroits.
Les températures diurnes atteindront des valeurs situées aux alentours des 15°C ce dimanche 11 mai. A partir de lundi, le temps redeviendra certes plus instable, avec des risques récurrents de pluie, mais nous resterons éloignés du gel avec des températures minimales comprises entre 5 et 8 degrés. Les Saints de glace ne seront donc pas de la partie cette année.
Les Saints de glace sont plusieurs commémorations catholiques au mois de mai. Chaque année, du 11 au 15 mai, certains évêques et martyrs des 4ᵉ et 5ᵉ siècles sont célébrés. Traditionnellement, les agriculteurs invoquaient ces figures chrétiennes pour bénéficier d'une météo favorable.
C'est là que les esprits se divisent. Dans le nord de l'Allemagne, il y a en principe cinq Saints de glace, dans le sud de l'Allemagne, en Suisse et en Autriche, seulement quatre. Nos voisins français, eux, n'en comptent que trois: Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais.
Le temps froid venant du nord, la situation météo est donc difficile dans ces régions-là et les risques de gel mi-mai s'étendent sur davantage de jours.
Les Saints de glace sont tous des évêques et des martyrs du début de l'ère chrétienne. La plupart des récits les concernant sont des mythes et des légendes, seuls quelques éléments sont historiquement sûrs. Voici les Saints de glace et leurs origines dans la foi chrétienne:
Mamert a vécu au 5ᵉ siècle dans le sud de la France. Il fut nommé évêque de Vienne en 461. Après un tremblement de terre, un incendie s'est déclaré dans la ville, à la suite duquel Mamert a organisé trois processions de supplication pour obtenir l'aide de Dieu. La ville réussit finalement à endiguer l'incendie.
Pancrace est un martyr paléochrétien du 4ᵉ siècle, qui a été décapité sous l'empereur romain Dioclétien. Son corps devait être jeté aux chiens, mais des frères ont réussi à l'emporter et à enterrer Pancrace dans les catacombes de Rome.
Le deuxième évêque parmi les Saints de glace s'appelait Servais. Il fut évêque de Tongres, sur le territoire de l'actuelle Belgique, à partir du milieu du 4ᵉ siècle environ.
Boniface aurait voyagé de Rome à Tarse (ville située dans l'actuelle Turquie) au 4ᵉ siècle et y aurait été témoin de la persécution des chrétiens sous l'empereur Galère. Face à l'horreur, Boniface se convertit au christianisme et fut également exécuté.
Sophia de Rome, connue en Suisse sous le nom de «Sophie la froide», a aussi subi le martyre sous l'empereur Dioclétien au 4ᵉ siècle. Au 9ᵉ siècle, ses ossements ont été déposés comme relique dans l'église romaine Santi Silvestro e Martino ai Monti.
La période des Saints de glace a été fixée au Moyen Age - à l'époque, selon le calendrier julien. Ils sont censés marquer la fin de l'hiver et le début du printemps, lorsque les agriculteurs peuvent semer. La règle paysanne est la suivante:
Cela fait référence au fait que certaines nuits du mois de mai sont encore marquées par des gelées au sol qui tuent les plantes fraîchement semées. Après les Saints de glace, ces courtes périodes de gel ne devraient plus se produire et les températures devraient quant à elles se stabiliser. Ainsi, les semis seraient à l'abri du gel au-delà de ces dates. Bien entendu, il n'existe aucune garantie, et il est courant que les épisodes de gel tardif ne correspondent pas à la période des Saints de glace.
Cependant, comme évoquée en début d'article, la réforme du calendrier grégorien de 1582 a eu lieu sans que la date des Saints de glace ne soit déplacée. Ainsi, au Moyen Age, la règle paysanne s'appliquait à la fin du mois de mai et non à la mi-mai comme aujourd'hui.
Des études météorologiques ont montré qu'il n'y a pas de risque accru de gel à la date des Saints de glace. Cela vaut aussi bien pour la variante grégorienne que pour la variante julienne des dates. Les données de MétéoSuisse montrent, à l'aide de la station de mesure de Payerne, que le gel au sol ne survient régulièrement en Suisse que jusqu'à fin avril. La règle paysanne est donc réfutée dans son interprétation stricte.
Néanmoins, il faut savoir qu'il y a toujours le risque de gelées au sol en mai en Suisse. Il est donc vrai que le gel peut mettre les plantes à mal durant cette période.
En outre, il convient de noter que les changements climatiques ont favorisé une élévation de la température moyenne en suisse, ce qui n'était pas le cas il y a 500 ou 1000 ans, lors de la naissance du mythe.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)