Le Canada est en proie aux flammes. A travers tout le pays, plus de 200 incendies sont en cours, dont environ la moitié ne sont pas encore sous contrôle. A ce jour, les feux ont déjà ravagé plus de 3,2 millions d’hectares de forêt.
Les panaches de fumée traversent désormais l’Atlantique jusqu’à atteindre l’Europe, ce qui «impressionne et surprend» les experts de MétéoSuisse, comme l’explique Marco Stoll, météorologue de l’organisme. Résultat: le temps qui s’annonçait radieux a été considérablement voilé. Le phénomène a tout de même offert un joli spectacle, avec un soleil rougeoyant à la tombée du jour.
Mercredi matin, le ciel s’est légèrement dégagé. «Mais tant que les incendies se poursuivent, les émissions de fumée continuent», note Marco Stoll. Pour qu’un tel nuage atteigne l’Europe avec une concentration significative, plusieurs conditions doivent être réunies.
La première: la direction du vent. Le brassage de l’air en altitude joue aussi un rôle, en diluant plus ou moins rapidement les particules. Autre facteur: les précipitations. En cas de pluie, l'atmosphère est nettoyée de ses particules fines. Mais il n'y a pas eu de pluie ces derniers jours:
Depuis mercredi, une masse d’air plus «propre» s’est infiltrée sur les Alpes par flux modéré d’ouest, à moyenne et haute altitude. Une webcam installée sur le Brienzer Rothorn, à près de 2300 mètres d’altitude, montre très clairement cette limite supérieure où la couche de fumée s’arrête. Elle surplombe encore largement les plaines.
«Dans les Alpes à haute altitude, cette phase de ciel voilé est donc déjà passée. Les modèles météo indiquent une poursuite de l’apport en air plus clair au moins pour la journée», précise le météorologue. En dessous de 2500 mètres, toutefois, la situation est différente. La couche de fumée est encore bien visible, et l’air restait chargé jusqu'à ce qu'une faible bise se lève dans la journée de mercredi, apportant depuis le nord-est une masse d’air un peu moins saturée.
Pour le Tessin, les prévisions sont moins favorables, avec un ciel qui devrait rester légèrement à modérément brouillé.
Comme si cela ne suffisait pas, le flux de sud-ouest devrait acheminer à partir de jeudi – et jusqu’à dimanche environ – de fines particules de sable saharien au-dessus de la Suisse. Dans un premier temps, seules les hautes couches de l’atmosphère seront concernées, mais dès vendredi, les zones de moyenne montagne pourraient aussi être touchées.
A cause de ses fines particules, le sable du Sahara est réputé nocif pour les poumons. La fumée du Canada affecte aussi la qualité de l’air en Suisse, selon la Coopération environnementale Suisse centrale.
D'après ses relevés, la concentration de particules fines dépasse actuellement la limite journalière légale de 50 microgrammes par mètre cube. Ce seuil ne devrait normalement être franchi que trois fois par an. Des concentrations élevées de suie ont également été constatées.
Ces particules, en raison de leur taille microscopique, pénètrent profondément dans les voies respiratoires et les poumons. Elles peuvent provoquer ou aggraver des troubles respiratoires, en particulier chez les personnes asthmatiques ou allergiques au pollen.
Le ciel était-il vraiment plus trouble que d'habitude à cause à cause des particules de fumée, ou n'était-ce qu'une impression? Difficile à dire. La brume atmosphérique dépend de multiples facteurs: concentration, taille et type des aérosols (particules de suie, de poussière, cendres volcaniques, polluants industriels, sels, pollens), mais aussi de l’humidité ambiante et de l’angle d’incidence de la lumière. Tous ces facteurs interagissent, si bien qu’il est difficile de dire lequel est prépondérant.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder