La montagne a été intraitable ce week-end. Elle l'a fait comprendre en faisant plusieurs victimes en Valais et dans le canton de Berne.
Tout d'abord, le sommet du Rimpfischhorn (4199 m), non loin de la station de Zermatt, s'est transformé en mystérieux tombeau. La police cantonale valaisanne a informé dimanche que des alpinistes ont alerté les secours samedi vers 16h30. Ces derniers ont remarqué plusieurs paires de skis abandonnées, alors qu'ils n'ont croisé personne lors de l'ascension. Une fois alerté, un hélicoptère d'Air Zermatt a survolé la zone et découvert cinq corps.
La randonnée comportait quelques pièges, nous glisse le Club Alpin Suisse (CAS), qui parle d'un secteur difficile à apprivoiser de par sa forte pente:
Un autre alpiniste de 29 ans a perdu la vie dans une avalanche dimanche en début d’après-midi sur le Morgenhorn, au-dessus de Kandersteg, dans le canton de Berne. Deux autres escaladeurs ont aussi été emportés par la coulée, mais ils ont pu être secourus.
Après cette cascade de drames, une question se pose: la période entre mai et juin est-elle plus dangereuse en haute altitude? «Il n'y a pas plus d'accidents au mois de mai ou au mois de juin en comparant avec la saison d'hiver», coupe d'entrée Pierre Mathey, secrétaire général de l'Association suisse des guides de montagne.
De plus, en ce moment, beaucoup d'alpinistes enfilent les crampons et empoignent les piolets. «Effectivement, jusqu'au mois de juin, il y a beaucoup d'adeptes de ski de randonnée lorsque les conditions sont excellentes en haute montagne. Ce qui est le cas aujourd'hui», confirme l'expérimenté guide valaisan.
Or cette multiplication de drames soulignent avant tout des conditions météo qui peuvent donner l'eau à la bouche, mais également s'avérer très dangereuses à bien des égards. L'Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SLF) nous explique:
Plus tôt ce mois, sur son blog, la méfiance était déjà de mise: «Avec des vents de secteur nord, des accumulations de neige soufflée se sont formées en altitude, parfois instables», écrivait le SLF sur son blog.
«Il est vrai que nous avons des conditions hivernales en ce moment. Ce qui peut paraître surprenant vu d'en bas. Et les alpinistes, les randonneurs doivent se comporter comme en période hivernale», rappelle Pierre Mathey.
Les périodes froides et les chutes de neige peuvent entraîner des situations délicates. Cette instabilité, surtout au-dessus de 3000 mètres à cause de ces conditions hivernales et cet or blanc soufflé, joue de mauvais tours aux amoureux de la montagne.
Le Club Alpin Suisse précise:
«Sur toutes les orientation de pentes, il faut faire une bonne évaluation des risques», souligne Pierre Mathey, avant d'évoquer un phénomène qui intervient parfois au printemps. «Au mois de mai, la transformation du manteau neigeux est plus rapide grâce à des températures plus élevées. La neige va se consolider plus rapidement qu'au mois de janvier, en principe. Mais le mois de mai a été relativement frais et, par conséquent, les conditions actuelles sont comparables à l'hiver, avec de la neige et du froid en haute montagne.»
Une autre question nous vient: ces conditions ont-elles, par exemple, surpris les alpinistes? Selon Pierre Mathey, il n'est pas possible de poser un avis tranché. «Pour nous, les professionnels, ce sont des conditions hivernales usuelles. Est-ce que cela peut surprendre des randonneurs au printemps? Peut-être, mais un randonneur à ski est équipé au printemps comme en plein hiver», complète le secrétaire de l'Association suisse des guides de montagne.
Ces accidents rappellent que la montagne est dangereuse et incertaine chaque jour de l'année. Un rappel à l'ordre que chaque professionnel de la montagne signale lorsque la discussion se conclut.