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Armer les bergers suisses contre les loups «ne résoudra rien»

Armer les bergers suisses contre les loups «ne résoudra rien»
Un loup revient vers un cerf qu'il a tué.Image: wildhüter sepp koller

Armer les bergers suisses contre les loups «ne résoudra rien»

Lorsqu'un loup attaque des moutons, le berger doit pouvoir sortir son arme et abattre le prédateur. C'est la proposition de la commission de l'environnement du Conseil national, qui suscite une certaine opposition.
15.08.2024, 18:54
Maja Briner / ch media
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Sur l'alpage de Halde à Flums (GR), un couple de loups a tué, en juillet, plus de vingt moutons et blesse un chien de protection des troupeaux nommé Fly. Dans le Val Bedretto tessinois, un loup a tué au total onze moutons et agneaux fin juillet. Et à Boltigen (BE), neuf moutons sont tués en l'espace de quelques jours cet été. De tels événements alimentent l'appel à une intervention plus musclée des autorités contre le loup.

La politique a réagi. Les canidés peuvent désormais être abattus à titre préventif, avant même qu'ils n'aient tué un animal de rente. Actuellement, les débats portent sur la forme exacte de l'ordonnance sur la chasse — et une nouvelle idée émerge: les bergers doivent pouvoir abattre eux-mêmes les loups qui les attaquent.

Dans un communiqué de presse de la Commission de l'environnement du Conseil national, il est dit de manière un peu détournée que l'administration doit «examiner la possibilité d'autoriser des tirs de défense en cas d'attaque de loup». La commission a donné un mandat en ce sens. C'est le conseiller national valaisan UDC Michael Graber qui a déposé cette demande, comme le rapporte le Blick.

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Le conseiller national UDC Michael Graber veut faire examiner les tirs de défense.Image: keystone

Le loup doit comprendre que sa propre vie peut être mise en danger s'il s'attaque à des moutons sur l'alpage, argumente l'élu. Si l'on autorisait les bergers à effectuer des tirs de défense en cas d'attaque, les loups pourraient en tirer des leçons et se tiendraient à l'avenir à l'écart des troupeaux, a argumenté Michael Graber. Il est conscient que cette méthode nécessite des études approfondies sur différents aspects.

Quel est l'objectif?

L'objectif est-il toucher ou de le chasser l'animal d'un coup de fusil? Michael Graber nous explique qu'il s'agit «d'autoriser les hommes à protéger leur vie, celle de leurs semblables, mais aussi leurs biens contre les loups. Bien entendu, on pourrait en conséquence tirer sur le loup». Le tir du loup est la meilleure mesure de protection des troupeaux, selon lui.

L'administration va maintenant examiner comment cela peut être mis en pratique. Graber part du principe que la question de la proportionnalité sera alors discutée.

«Mais pour moi, une chose est claire: le doute profite à l'homme. Si l'Etat n'est pas prêt à protéger ses biens et sa vie, l'homme doit prendre les choses en main.»

Les critiques fusent

David Gerke, directeur du Groupe Loup Suisse, s'oppose aux tirs de défense. Il se réfère aux expériences faites à l'étranger: la France est le pays d'Europe où les dommages causés par les loups sont les plus importants, tant en chiffres absolus qu'en nombre de proies par loup — bien que le «tir de défense» y soit possible depuis longtemps.

«Les études scientifiques menées en France montrent que même le “tir de défense” ne conduit pas à une diminution des attaques»
David Gerke, directeur du Groupe Loup Suisse

Selon David Gerke, le fait que les politiques exigent cette mesure montre «qu'ils n'ont manifestement pas du tout étudié le sujet en profondeur et qu'ils mènent plutôt une politique symbolique». Le défenseur du loup est convaincu que les tirs de défense ne résolvent aucun problème. Car le berger ne peut intervenir que s'il prend un loup en flagrant délit.

L'organisation de protection de la nature Pro Natura voit également d'un œil très critique la proposition de permettre aux bergers de prendre eux-mêmes les armes. «Lorsque le potentiel de dommages est important, les loups sont aujourd'hui déjà abattus à proximité du troupeau d'animaux de rente, nous ne voyons donc pas la nécessité d'assouplir encore les possibilités de tir pour certains loups», explique Sara Wehrli, experte en prédateurs et en politique de la chasse que précise:

«Le fait que des éleveurs ou des bergers sans autorisation de chasser ou des chasseurs sur mandat d'un éleveur – et non du canton – aient abattu des loups irait trop loin».

D'autres solutions existent

De son côté, la Société suisse d'économie alpestre n'est pas satisfaite de la gestion actuelle du loup. La directrice Selina Droz affirme:

«Aujourd'hui, il faut trop de temps pour qu'une autorisation de tir soit délivrée et qu'un loup soit abattu. Cela doit aller plus vite»

L'association salue donc toutes les possibilités qui conduisent à une simplification de la réglementation.

L'association se prononce, en outre, pour que les bergers puissent prendre eux-mêmes certaines mesures de dissuasion, par exemple pour effrayer un loup avec des pétards. Aujourd'hui, seuls les gardes-chasse sont autorisés à le faire.

En ce qui concerne le tir de défense, Selina Droz déclare qu'il n'est pas très clair pour elle de savoir comment la commission le définit. Selon elle, il est important que le tir soit effectué par une personne autorisée à tirer, c'est-à-dire par quelqu'un qui possède entre autres le permis de chasse.

A propos de loups...

Vidéo: watson

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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