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Voici pourquoi les prix grimpent dans les boulangeries suisses

Les boulangers suisses tirent la langue.
Les boulangers suisses font face à de multiples problèmes.Image: Montage watson

«Ça me fait peur»: pourquoi les prix grimpent dans nos boulangeries

Les artisans du pain tirent la langue en Suisse. Ils sont touchés par la hausse des matières premières, des assurances et de la masse salariale. Et les conséquences se font ressentir sur le porte-monnaie.
25.09.2024, 05:44
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Vous avez peut-être aperçu un petit panneau pour expliquer que les viennoiseries vont augmenter de 20 centimes. La cause est la hausse du beurre depuis le 1ᵉʳ juillet. En conséquence, les prix vont prendre l'ascenseur. L'élément incriminé: le beurre de tourage.

En échangeant dans plusieurs boulangeries, les employés vont confirmer la cherté du produit laitier, un élément indispensable pour confectionner les petites viennoiseries que vous voyez en vitrine. Mais cette envolée se conjugue à de multiples autres augmentations pour le secteur. Plusieurs autres éléments font grincer des dents les artisans suisses du pain.

En 2023, ils avaient dû essuyer une montée des prix de l'énergie, les poussant à revoir leurs tarifs. Gérard Fornerod, président de l’Association romande des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs (ARABPC), confirme l'a tendance. «La hausse du produit du beurre est effective depuis quelques années. Mais il faut ajouter à cela une hausse de l'électricité qui impacte nos coûts. Surtout, il ne faut pas oublier que nous sommes une branche à bas coûts, alors que les coûts de production sont énormes.»

Et de rappeler que malgré la passion du métier, le travail est harassant ces temps-ci. Les boulangers suisses, selon l'avis commun, n'ont jamais autant charbonné.

«Personnellement, je suis au travail six jours et demi. Je n'ai jamais autant travaillé»
Gérard Fornerod

Tout augmente dans la branche

L'artisan morgien assure que la souffrance est prégnante dans la branche - et plus largement. Gérard Fornerod met le doigt sur ces nombreuses augmentations qui fragilisent le métier.

«Depuis le Covid, tout augmente. Le prix du beurre, il nous fait mal, mais il y a aussi les oranges, les agrumes, le sucre... Le coût de l'assurance maladie nous fait également très mal. En même temps, nos assurances perte de gain augmentent aussi. Cela me fait vraiment peur.»
Gérard Fornerod, président de l’Association Romande des Artisans Boulangers-Pâtissiers-Confiseurs.

Outre les facteurs susmentionnés, le prix d'une autre matière première va sûrement peser dans la balance. Le secteur de la boulangerie tousse: «Il y a bientôt les céréales qui vont augmenter fortement. Pour cela, on doit attendre le résultat des récoltes. Cela fait déjà trois années de suite que nous avons des contingents inférieurs», soupire-t-il.

Autre détail qui a son importance: les salaires vont augmenter dès le 1er janvier 2025, souligne le président de l'association romande. Si la charge salariale va être plus importante: «pour mes collègues et moi-même, cela va impliquer une augmentation des prix sur notre assortiment», le Vaudois y voit du positif: rendre l'activité plus attractive.

«Le désintérêt pour un métier comme le nôtre après le Covid n’a pas non plus arrangé les choses»
Gérard Fornerod

La pandémie pèse encore sur les artisans

Dans son commerce, il nous confie avoir modifié ses tarifs en fin d’année passée, de plus de «10% comparé à l’ancien prix de vente». Pour donner un petit ordre d'idée, le croissant avait déjà pris l'ascenseur, entre 10 et 15% début 2022. Désolé de monter les prix, face à une clientèle «outrée», le président cible (encore) le Covid comme étant la source du problème aujourd'hui: «Ça remonte à trois ans, ça ne semble pas si éloigné, mais nous avons été et restons fortement impactés par la pandémie.»

Gérard Fornerod.
Gérard Fornerod.Image: dr

Le sentiment affiché par les boulangers rencontrés démontre un souffle qui commence à se faire court. Du côté de la BCS, l'Association suisse des patrons boulangers-confiseurs confirme que les frais du personnel ont considérablement grimpé. Un communiqué datant du 28 août paru dans Panissimo informe qu'en général, les frais du personnel n’excèdent pas la moitié du chiffre d’affaires. Mais la tendance de ces dernières années démontre que cette règle est de plus en plus souvent obsolète – dans les entreprises possédant plusieurs filiales ou un service de restauration affilié notamment.

«Il y a environ 30 ans, la masse salariale représentait un 35 à 39% du chiffre d'affaires. Aujourd’hui, la tendance commence, ou pour certains, est déjà, depuis quelques années, au-delà des 50%. Selon moi, cette tendance n’est pas prête de s’inverser, la faute à des charges qui ne cessent de s’ajouter au fur et à mesure.»
Gérard Fornerod

Les adversaires des boulangers

Gérard Fornerod rappelle aussi l'importance du comportement du client: «Il faudrait que chaque citoyen décide de consommer local et qu'il évite la grosse distribution. On sait que 150 000 tonnes panifiables sont ramenées de l’étranger. Mais bien sûr, c’est le consommateur qui décide.»

La crise a par ailleurs fait réagir dans la politique vaudoise. En janvier, un rapport du Conseil d'Etat souligne que la Suisse compte 1500 artisans boulangers actuellement contre 4600 dans les années 1980, tout en précisant que la production de pain industriel est en forte augmentation et, plus précisément, l’importation des produits de boulangerie.

La solution est simple: miser sur la proximité et sur l'artisanat local pour éviter de voir votre boulangerie mettre la clé sous le paillasson.

Voici la baguette la plus longue du monde
Video: watson
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