En 2024, la Suisse a connu un haut niveau de contrebande de viande, comme le révèlent les chiffres publiés ce mardi par l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF). 208 tonnes de produits carnés ont été importées illégalement dans le pays. En 2022, ce chiffre s'établissait à 120 tonnes. Ces marchandises ont fait l'objet de diverses procédures pénales et la majeure partie d'entre elles ont été introduites sur le territoire suisse de manière professionnelle.
Comment s'organise ce trafic? Les personnes achètent la viande – principalement du bœuf, du poulet et de l'agneau – à bas prix à l'étranger, l'amènent sur le territoire national sans payer les redevances dues, puis la revendent au prix du marché suisse. Les produits sont souvent transportés dans des véhicules privés ou des camionnettes non réfrigérées. Des conditions de voyage qui pousse l'OFDF à déclarer:
Les consommateurs, les restaurateurs ou les bouchers qui rachètent la viande ne sont pas forcément au courant de la provenance de la marchandise. Car comme l'explique Jean-Claude Duvoisin, chef suppléant des poursuites pénales à l’OFDF, à la Tribune de Genève:
En s'adonnant à ce trafic, les contrevenants se font une marge importante. La viande est achetée entre 10 et 30 francs le kilo à l'étranger, puis revendue en Suisse (sans les taxes) entre 50 et 60 francs le kilo. S'ils se font attraper, ils encourent une lourde amende, une peine privative de liberté ou une expulsion du territoire pour les auteurs étrangers. Interrogé par le quotidien genevois, Jean-Claude Duvoisin assure:
La Tribune de Genève cite en exemple un cas qui vient d'être jugé à Genève: deux hommes ont importé plus de 39 000 kilos de viande illégalement en Suisse entre 2016 et 2019. Le responsable de ce trafic «se serait soustrait au paiement de 885 439 francs de droits de douane et plus de 30 000 francs d’impôts». Reconnu coupable, il a été condamné à un an de prison avec sursis, 400 000 francs d'amende et une expulsion du territoire.
En 2023, d'autres infractions ont fait l'objet d'articles dans les médias. En octobre, un boucher valaisan a été condamné pour avoir acheté 48 tonnes de viande non déclarée à la douane. Un trafic qui «durait depuis belle lurette et était florissant», précisait Le Nouvelliste. Il a été condamné à payer 65 000 francs d’amende pour recel douanier par habitude. A l'époque, une procédure était en cours devant le Tribunal administratif fédéral «pour le paiement en souffrance de la redevance et de la TVA». Le montant s'élevait à environ 1,1 million de francs.
A l'été de la même année, les douaniers français et suisses ont procédé au contrôle de «près de 350 véhicules et 450 personnes dans les régions frontalières de l’Arc jurassien», relayait Arc Info. L'une des infractions constatées? Le trafic illégal de viande. Et de souligner déjà en 2023 la nécessité, pour la Suisse, «de maintenir des contrôles renforcés».