La Suisse doit pouvoir construire de nouvelles centrales nucléaires. Comme annoncé l'an dernier, le Conseil fédéral a confirmé mercredi sa position dans son message au Parlement sur le contre-projet à l'initiative populaire «Stop au blackout», malgré les critiques en consultation.
L'initiative «De l'électricité pour tous en tout temps (Stop au blackout)» demande que toutes les formes de production électrique respectant l'environnement et le climat soient autorisées. Le comité souhaite ainsi rouvrir la porte à l'atome, en misant sur les nouvelles technologies qui rendent les centrales plus sûres.
Le Conseil fédéral soutient ce but, écrit-il dans un communiqué. L’énergie nucléaire restera ainsi une option pour assurer à long terme la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Suisse. Mais il n'estime pas nécessaire de modifier la Constitution pour cela, il suffit de modifier la loi sur l'énergie nucléaire.
Concrètement, le contre-projet indirect du gouvernement prévoit d'abroger sans les remplacer les deux dispositions relatives à l’interdiction d’accorder des autorisations générales pour les nouvelles centrales nucléaires, soutenues par le peuple en 2017. Ainsi, à l’avenir, des autorisations générales pourront en principe de nouveau être accordées pour des centrales nucléaires.
Cela permettrait de couvrir l'éventualité d'un développement insuffisant des énergies renouvelables, d'un stockage saisonnier d'électricité lacunaire et d'un manque d'alternatives pour produire de l'électricité en respectant le climat.
Le contre-projet est déjà passé par une consultation. Les réactions ont été pour le moins contrastées. Parmi les grands partis, seuls le PLR et l'UDC ont soutenu l'idée d'un contre-projet. La majorité des organisations du secteur économique y sont aussi favorables, de même que les grands électriciens comme BKW, Alpiq et Axpo.
Le Centre, le PVL, les Vert-e-s, le PS ainsi que les organisations de protection de l’environnement le rejettent par contre. De même que la majorité des cantons, qui demande qu'un état des lieux stratégique et technique soit fait avant une éventuelle suppression de l'interdiction.
Le Parlement va désormais se prononcer. Le peuple aura le dernier mot.
Le Conseil fédéral n'a pas retouché son projet suite à la consultation. Mais il est entré en matière sur certaines demandées, précise-t-il.
Le contre-projet ne consiste ainsi pas à décider de construire de nouvelles centrales nucléaires, puisqu'il n'existe actuellement aucun projet concret de construction. Il ne s’agit donc pas d’aborder le financement, des questions spécifiques à un projet ou des adaptations de la procédure d’autorisation.
De plus, le développement de la production d’électricité renouvelable doit se poursuivre de manière rigoureuse, selon le gouvernement. Les énergies renouvelables ne sont pas incompatibles avec de nouvelles centrales nucléaires.
Les subventions prévues dans la loi sur l’énergie resteront disponibles pour les technologies de production d’électricité renouvelable.
Les prochaines perspectives énergétiques qui seront publiées d’ici fin 2027 fourniront un état des lieux stratégique et technique pour orienter la future politique énergétique, précise encore le communiqué.
Différents scénarios concernant les évolutions possibles jusqu’en 2060 y seront étudiés et prendront aussi en considération l’utilisation de centrales nucléaires à l’avenir pour la production d'électricité. Comme c'est le cas pour de nombreuses technologies, l'énergie nucléaire comporte également des risques qui doivent être minimisés, conclut le Conseil fédéral.
Actuellement, les quatre centrales nucléaires en service fournissent environ un tiers de la production d’électricité totale en Suisse. Elles disposent toutes d'une autorisation d'une durée illimitée et peuvent continuer d'être exploitées tant qu'elles sont sûres. (jzs/ats)