La priorité en matière de recherche nucléaire suisse reste la poursuite de l'exploitation des réacteurs existants. Et ce même après la décision du Conseil fédéral de lever l'interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires.
Tant que les réacteurs continueront à être exploités, cela sera nécessaire, a indiqué jeudi devant les médias Andreas Pautz, directeur du domaine de recherche Energie nucléaire et sécurité à l'Institut Paul Scherrer (PSI) à Villigen (AG).
Il s'agit ainsi de garantir la poursuite de l'exploitation des centrales nucléaires en toute sécurité et la relève des experts dans le domaine nucléaire. «Mais nous serions prêts à faire plus», a-t-il ajouté. Il a notamment critiqué la recherche sur les nouveaux types de réacteurs, qui a du mal à décoller en Suisse.
La Confédération ne finance pas cette recherche. «Sans les fonds de l'Union européenne, nous ne pourrions pas faire de recherche sur les réacteurs de quatrième génération», a déclaré le scientifique.
Jusqu'à présent, on n'a pas pu observer de grande influence directe des dernières décisions politiques sur la recherche nucléaire, ont relevé lors d'un point de presse à Villigen les responsables de Forum nucléaire suisse, qui s'engage pour la promotion pacifique de cette énergie.
Selon l'expert, la recherche est toutefois prête pour la construction d'une nouvelle centrale nucléaire en Suisse. Les centrales nucléaires que l'on pourrait construire aujourd'hui sont environ 100 fois plus sûres que les centrales nucléaires existantes, selon lui.
Il a estimé que la construction d'une nouvelle centrale prendrait environ six ans, mais qu'il faudrait compter au moins 20 ans pour obtenir toutes les autorisations nécessaires. En Suisse, la recherche nucléaire est menée au PSI et à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), qui emploient un peu plus de 450 chercheurs et techniciens dans ce domaine.
La formation de spécialistes est également importante. Il existe pour cela à l'EPFL une filière d'études en ingénierie nucléaire. Selon Andreas Pautz, cette filière a enregistré une forte augmentation du nombre d'étudiants au cours des trois dernières années. «L'intérêt des jeunes pour l'énergie nucléaire est en train de revenir», a-t-il conclu. (sda/ats)