Adrien Lachenal, Antoine Carteret ou encore Robert Céard: le point commun entre ces trois hommes? Ce sont tous d'importants personnages de l'histoire politique genevoise, et ils sont tous aujourd'hui décédés.
Mais une autre caractéristique réunit ces illustres patronymes. Comme le révèle la RTS, ils figurent tous trois parmi les donateurs de Pierre Maudet lors des élections cantonales de 2023.
Selon le média du service public, le conseiller d’Etat genevois aurait ainsi bénéficié de donateurs «imaginaires» dans cette campagne. L'identité d'au moins cinq donateurs est remise en question, pour une contribution estimée à plus de 20 000 francs.
Cible des interrogations de la RTS: l'Association de soutien à l'action politique de Pierre Maudet, entité dont le politicien s'est servi pour financer sa campagne. Celle-ci a reçu 327 000 francs de dons de la part de quelque 225 contributeurs pour les élections en 2023.
Parmi les donateurs, on retrouve les soutiens de Pierre Maudet, le conseiller d'Etat lui-même et donc des noms fictifs. Outre les trois noms cités plus haut, on retrouve également celui de James Fazy, fondateur du Parti radical genevois, créateur de la Genève moderne et décédé en 1878.
La RTS relève également le nom d'une juge «qui n'est pas du même bord politique» que Pierre Maudet et qui aurait fait un don de 5000 francs. Contactée par le média, celle-ci répond pourtant «n'avoir versé aucun montant» à l'association de soutien de l'élu genevois.
Quant aux dons effectués à l'aide de patronymes historiques, ces derniers ne figurent pas dans le fichier central de la population, ou la RTS n'a pu retrouver leur trace.
Problème: selon la loi genevoise, les partis politiques, associations ou groupements ne peuvent accepter les dons anonymes ou sous pseudonymes. Un organe indépendant de contrôle choisi par l'entité doit également être en mesure de vérifier les comptes et les listes de donateurs. Les contrevenants à ces règles risquent jusqu'à 60 000 francs d'amende.
Dans le cas de l'Association de soutien à l'action politique de Pierre Maudet, l'organe de contrôle est une fiduciaire genevoise dirigée par un soutien du conseiller d'Etat. Celle-ci assure à la RTS que «chaque don apparaît clairement sur les relevés PostFinance [...] avec indication du nom et de l'adresse complète des personnes».
Une position qui contredit celle de l'association elle-même. Alors que la moyenne des dons enregistrés par celle-ci s'élevait à 1400 francs en 2023, l'organisation explique à la RTS qu'«en dessous de 10 000 francs, les paiements effectués à la poste ne font pas l'objet d'un contrôle d'identité».
Recevant les contributions via des «bordereaux postaux», l'association n'est dès lors pas en mesure d'«identifier l'auteur» d'un don. Ni de le rembourser, comme le prévoit pourtant la loi genevoise en cas de dons litigieux.
Contacté par la RTS, Pierre Maudet renvoie de son côté directement à l'association. (jzs)