Duo alémanique à la tête du PLR: «Un Romand, c'est l'exception»
Il n'est pas encore élu, mais c'est tout comme: le seul dossier proposé dans les délais pour la prochaine présidence du Parti libéral-radical (PLR) est un duo. Après l'annonce du départ de Thierry Burkart, on ne s'est pas pressé au portillon pour prendre la tête du vieux parti de droite libérale. C'est un duo 100% alémanique, composé de la Saint-galloise Susanne Vincenz-Stauffacher et du Glaronais Benjamin Mühlemann, qui devrait être élus à la tête du parti — c'est la seule candidature à avoir été déposée dans les temps.
Du côté romand, les papables ont préféré se mettre de côté. Damien Cottier, Jacqueline de Quattro ou Philippe Nantermod — représentant chacun des sensibilités différentes au sein du parti et de possibles nouvelles lignes — n'ont pas souhaité succéder à Thierry Burkart.
Avec des président alémaniques à la tête de l'UDC, du Centre et du PS, l'occasion de voir un peu plus de dirigeants latins à la tête des partis est-elle ratée? «La présence d'un Romand à la tête d'un parti politique gouvernemental est plutôt l'exception», rappelle l'historien et observateur du monde politique, Olivier Meuwly, en citant par exemple Christophe Darbellay dirigeant le Parti démocrate-chrétien entre 2006 et 2016 ou encore Christian Levrat au Parti socialiste entre 2008 et 2020.
Les années 2010 sont-elles plutôt exceptionnelles en ce sens? «Oui. Dans la majorité des cas, les présidents de parti sont alémaniques», dit-il. Il y a aussi Marco Chiesa: le Tessinois était à la tête de l'UDC entre 2020 et 2024.
La seule exception actuelle est Lisa Mazzone, cheffe des Verts et genevoise. Mais même si les écologistes sont le cinquième parti du pays, ils ne sont pas présents au Conseil fédéral.
Les deux ailes du parti
Contrairement au Conseil fédéral, où la représentativité tant des partis que des régions est respectée, et désormais également des genres, les partis n'ont aucun intérêt de se coordonner entre eux et de limiter leurs potentiels candidats pour respecter un équilibre.
Il n'empêche, chaque parti «peut s'imposer des règles s'il le veut», analyse l'historien. «C'est leur droit.» A l'image du Parti socialiste qui propose depuis 2020 un homme et un femme en co-présidence. Une mode qui semble suivie par le PLR.
La différence ici, c'est que les deux ailes du parti devraient être représentées par ce duo, «alors que les deux coprésidents du PS sont exactement sur la même ligne». Susanne Vincenz-Stauffacher est plus axée sur l'aile gauche du parti, Benjamin Mühlemann, qui vient de Suisse centrale, est réputé plus conservateur.
L'argument principalement avancé est cependant la gestion des tâches et le temps que demande la fonction de chef de parti. «Si chaque job chronophage devient un prétexte pour démultiplier les dirigeants, notre personnel politique peut se dédoubler lui aussi en entier», ironise Olivier Meuwly, qui se demande si l'argument est le bon.
