Suisse
Politique

Un pas de plus vers la réexportation d'armes suisses en Ukraine

Le Danemark souhaitait transmettre
Le Danemark pourrait-il avoir le droit d'envoyer en Ukraine des chars Piranha achetés à la Suisse?Image: sda

Un pas de plus vers l'envoi d'armes suisses en Ukraine

Après la commission de sécurité du Conseil national, c'est celle des Etats qui se dit favorable à l'autorisation de réexporter du matériel de guerre suisse en Ukraine. Le Conseil fédéral aura le dernier mot.
03.02.2023, 19:0003.02.2023, 23:23
Plus de «Suisse»

Chars ou munitions suisses doivent pouvoir être réexportés sous de très strictes conditions. La commission de politique de sécurité du Conseil des Etats valide un assouplissement de la loi sur le matériel de guerre, sans aller aussi loin que son homologue.

👉 Suivez notre direct sur la guerre en Ukraine 👈

Les pays acheteurs devront toujours signer une déclaration de non-réexportation. Mais celle-ci pourra être limitée à 5 ans pour les Etats qui partagent les valeurs de la Suisse et disposent d'un régime de contrôle des exportations comparable. Il s'agit notamment de:

  • l’Allemagne,
  • la France,
  • l’Italie,
  • du Japon,
  • des Etats-Unis.

Ces pays devront toutefois s'engager, après l'expiration du délai, à ne pas transférer de matériel de guerre à un pays impliqué dans un conflit armé, exception faite du cas où le pays fait usage de son droit d'autodéfense en vertu du droit international public. watson avait fait état de ce scénario législatif lundi 30 janvier 👇.

Une disposition rétroactive

Pas question non plus de réexporter vers des pays, qui violent gravement les droits humains ou qui pourraient utiliser les armes contre la population civile. La nouvelle disposition serait rétroactive.

L'initiative parlementaire, adoptée par 6 voix contre 4 et deux abstentions, permettrait de résoudre les problèmes que posent les déclarations de non-réexportation, argumente la commission dans un communiqué publié vendredi.

Argument économiques

L'assouplissement doit permettre de renforcer la compétitivité de l’industrie de l’armement helvétique, poursuit la commission. Un régime de réexportation trop restrictif pourrait dissuader certains pays d’acheter du matériel de guerre en Suisse, si ceux-ci ont l’interdiction d’en disposer librement lorsqu’ils n’en ont plus besoin.

L’assouplissement des conditions de réexportation contribue au maintien d’une base technologique et industrielle importante pour la sécurité (BTIS) forte, estime la commission. Elle pourra ainsi continuer à assurer sa défense de manière autonome.

Plusieurs arguments au sein de la minorité

Pour une minorité, cette modification n’est pas compatible avec la neutralité. Elle constitue avant tout un soutien à l’industrie de l’armement, et aussi une tentative de contourner l’interdiction de livrer des armes à l’Ukraine.

Berne a refusé à plusieurs reprises d'autoriser les réexportations de matériel de guerre. L'Allemagne voulait transmettre des munitions pour les canons de chars de défense antiaérienne. Le Danemark souhaitait livrer des chars Piranha. A chaque fois, la Suisse a invoqué la loi et la neutralité.

Pas de «Lex Ukraine»

Face à la pluie de critiques, des voix se sont élevées pour déroger au principe. La semaine passée, la commission compétente du National a déposé une initiative parlementaire pour autoriser les réexportations. Des conditions doivent toutefois être remplies. La réexportation ne peut se faire que vers l'Ukraine, dans le cadre de la guerre russo-ukrainienne.

La commission du Conseil des Etats ne veut pas de cette «lex Ukraine» par 9 voix contre 3. La réexportation de matériel de guerre suisse à l’Ukraine seulement contrevient au principe d’égalité de traitement ancré dans le droit de la neutralité, juge-t-elle.

Une minorité souhaite approuver ce projet. Il est temps, à ses yeux, pour la Suisse de se montrer solidaire envers ses partenaires qui souhaitent réexporter du matériel de guerre en Ukraine, et d’apporter ainsi sa contribution à la sécurité européenne.

Pas de Leopards vers l'Allemagne

La commission a encore clairement refusé de mettre hors service jusqu'à 30 des 96 chars Leopard actuellement déclassés pour les restituer à l'Allemagne. Ces engins représentent une réserve stratégique qu'il convient de conserver, relève-t-elle.

Pour une minorité, la Suisse pourrait apporter une contribution supplémentaire à la sécurité européenne en renforçant la capacité de défense de l’Allemagne. Berlin a apporté une aide militaire importante à Kiev en livrant du matériel issu de ses propres stocks.

(ats/acu)

Le Leopard 2 livré à l'Ukraine peut aussi servir des bières
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Les assassinats du Musée juif de Washington justifiés sur un site genevois
Le site d'extrême gauche genevois Renversé publie un texte affirmant que l’«opération» menée le 21 mai au Musée juif de Washington est une «réponse naturelle et légitime à la guerre génocidaire (...) à Gaza.» Appel à la violence? Me Charles Poncet répond.

En février, le site d’extrême gauche Renversé publiait un «appel à mettre le feu aux concessions Tesla», assorti d’un mode d’emploi pour la fabrication de cocktails Molotov, avait révélé watson. Ce 15 juin, le même site, proche d'une partie de la scène alternative genevoise, reproduit un long texte d’un certain Khaled Barakat, coordinateur international de Samidoun, un réseau propalestinien interdit en Allemagne pour «antisémitisme et extrémisme», mais pas en Suisse à notre connaissance.

L’article