Près de 47%: pas loin de la moitié des jeunes de 18 à 24 ans estiment qu'il faut interdire les partis politiques contraires à leurs idéaux. C’est ce que révèle une nouvelle étude de Pro Futuris et de la Fondation Mercator Suisse.
Représentatif, il a sondé près de 2600 personnes en Suisse. A la question «Il serait préférable pour la Suisse que le parti politique qui m'est le moins sympathique soit exclu du processus politique», la population estime à 37,7% qu'il serait «bien» ou «plutôt bien» d'interdire les partis qu'ils jugent indésirable de participer aux élections et aux référendums.
Ce n'est pas tout: 35,1% estiment même qu'il faudrait tout bonnement et simplement les exclure «du discours public». Ironie complète, 76% des sondés considèrent, dans le même temps, que dialoguer avec ceux qui pensent différemment est utile. Les auteurs notent dans leur résumé:
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Sans surprise, les partisans des partis les plus marqués politiquement sont ceux qui estiment le plus qu'il faudrait interdire leurs opposants, dans l'arène politique ou dans le discours public:
Parmi les profils individuels les plus propices à soutenir une telle interdiction, on trouve des gens «fatigués par la démocratie» et qui ont perdu confiance dans les institutions et les médias. Ces gens s'informent principalement via les réseaux sociaux et se sentent défavorisés. Il s'agit aussi de personnes «polarisées affectivement», qui estiment qu'il est «peu utile» de discuter avec les opposants. Elles «éprouvent une grande sympathie pour leur camp politique et font preuve d'antipathie vis-à-vis des autres partis et leurs partisans».
Le fait de favoriser le compromis est plus nettement corrélé avec les gens ayant une confiance élevée dans le gouvernement ou les médias, ou encore qui se disent satisfaits à l'égard de la démocratie. La manière dont une personne s'informe est également importante. Ceux qui discutent de politique avec leurs amis ou leurs familles sont plus disposés à faire des compromis.
Le sexe, la formation, le revenu et le lieu de résidence n'ont aucun impact sur ces attitudes. L'âge, par contre, est directement corrélé: plus une personne est jeune, plus elle aura un point de vue radical. Voici le pourcentage, par tranche d'âge, des gens en faveur de l'interdiction des partis qui leur déplaisent:
Autre élément intéressant: les Romands seraient plus ouverts que les Alémaniques à la discussion avec leurs rivaux politiques.
Les thématiques qui polarisent sont aussi indiquées dans l'étude.
Parmi les thèmes où les gens estiment le plus qu'ils ne sont prêts à faire «aucun compromis»:
Parmi les thématiques sur lesquelles les sondés sont le moins indisposés à discuter et à ne faire «aucun compromis»:
Malgré ces chiffres qui paraissent terrifiants, l'étude se veut porteuse d'espoir. Selon les auteurs, plusieurs pistes peuvent être suivies pour renforcer la cohésion entre les différentes sensibilités. Parmi elles, s'engager personnellement, notamment comme bénévole, pour confronter ses opinions.