Réactions contrastées au rapport Weidmann sur les transports
En Suisse romande, le Conseil d’Etat neuchâtelois se réjouit d’un document qui «confirme la nécessité et la priorité» de la ligne directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Le projet, soutenu à 84% par la population en 2016, est reconnu comme d’importance régionale et nationale.
Sa mise en oeuvre dépend toutefois de la variante de financement à 24 milliards de francs pour les grands projets. Le gouvernement neuchâtelois se dit confiant qu’une majorité de cantons et du Parlement appuieront cette enveloppe, qui permettrait une mise en service à l’horizon 2041.
Menace de référendum
A l'inverse, les milieux écologistes et associatifs dénoncent une tentative de revenir sur la décision populaire du 24 novembre 2024 contre l'extension du réseau autoroutier en Suisse. L’organisation actif-trafiC fustige un rapport «antidémocratique» qui remet en avant des projets tels que le tunnel du Rhin à Bâle ou celui du Rosenberg à Saint-Gall.
Elle accuse le conseiller fédéral Albert Rösti de «ressortir des dossiers du placard» et menace d’un référendum si ces projets avancent. Même tonalité du côté de l’Association transports et environnement (ATE), qui exige que la volonté populaire soit respectée et que les fonds publics servent en priorité à la mobilité douce et au rail.
Les Vert-e-s suisses, par la voix de leur présidente Lisa Mazzone, dénoncent également une «politique du bitume» contraire aux objectifs climatiques et affirment que les investissements doivent désormais être orientés vers la mobilité durable.
Gare aux mesures d'économies
La Conférence des directrices et directeurs cantonaux des transports publics (CTP) et la Conférence suisse des travaux publics (DTAP) adoptent une position plus institutionnelle: elles saluent l’analyse de l’EPFZ, mais réclament un «financement sûr et suffisant» des projets, notamment pour le Fonds d’infrastructure ferroviaire (FIF) et le Fonds pour les routes nationales (FORTA).
Les cantons demandent aussi à la Confédération d’écarter toute mesure d’économie susceptible de fragiliser les investissements planifiés.
Le Syndicat du personnel des transports (SEV) approuve, lui, la perspective d’une variante budgétaire élargie, mais avertit que les coupes prévues dans le programme d’allégement budgétaire 2027 doivent être réexaminées. Il insiste sur la nécessité de garantir des moyens suffisants non seulement pour les infrastructures, mais aussi pour le recrutement et la formation du personnel ferroviaire.
A l’inverse, les milieux routiers, emmenés par le TCS, estiment que les autoroutes demeurent «l’épine dorsale» du système de transport national. L’organisation juge indispensable d’investir dans la route autant que dans le rail pour éviter un effondrement du réseau, tout en plaidant pour des procédures d’autorisation plus rapides.
Enfin, Pro Velo déplore que le vélo reste «le grand oublié» du rapport. (sda/ats)