Alain Berset s'est exprimé pour la première fois au sujet des Covid-leaks, dans l'édition de jeudi du Tages-Anzeiger. Blanchi mais tout de même critiqué par la commission qui a enquêté sur les fuites au sein de son département, il persiste et signe.
30.11.2023, 12:1030.11.2023, 15:06
Jusqu'à maintenant, Alain Berset refusait de parler de l'enquête en cours des commissions de gestion du Parlement concernant les Covid-leads. Souvenez-vous: en janvier dernier, on apprenait que le bras droit du ministre avait fait fuiter au patron du Blick des informations confidentielles sur les mesures de lutte contre le Covid, en pleine période chaude de la pandémie.
La commission de gestion a conclu que Berset était au courant des contacts répétés de son chef de presse avec Marc Walder, le patron du groupe de presse Ringier, qui édite le Blick. Mais le conseiller fédéral lui-même n'était toutefois pas directement impliqué et ne connaissait pas le contenu de ces échanges — amplement décrits comme des «indiscrétions».
La commission a ainsi vertement critiqué le ministre, qui n'a pas pris de mesures pour empêcher ce qu'elle jugeait être des fuites évidentes. Mais aucune preuve manifeste de la volonté d'utiliser ces indiscrétions pour servir un agenda politique n'a pu être avancée. La commission a toutefois estimé que le déroulé de 38 séances du gouvernement a pu être influencé. Jeudi, le Fribourgeois s'exprimait pour la première fois en long et en large dans les colonnes du Tages-Anzeiger:
Berset prévient d'avance:
«Je suis resté silencieux sur ce sujet jusqu'à présent. Il est temps que je m'exprime — mais juste une fois»
Pour les journalistes des autres médias qui voudraient lui poser des questions sur les Covid-leaks, le message est passé.
Tout de go:
«Je ne tolère aucune violation du secret de fonction dans mon département»
Bon, c'est bien parti... Et que pense-t-il du rapport de la commission?
«Je m'attendais à une enquête ouverte. Le rapport tente de prouver que toutes les indiscrétions provenaient du Département de l'intérieur»
Heu... ce n'était pas le cas?
«Le rapport n'a rien élucidé. Tout le monde est frustré, la commission et nous au DFI»
Le détail des fuites ici 👇
Alors?
«Je n'ai jamais eu de problème avec le contenu de ces e-mails et j'étais prêt à les remettre (aux enquêteurs)»
Et donc?
«On analyse ces e-mails, on ne trouve rien de concluant, et on dit: Berset discutait tous les jours avec son chef de la comm. Je vous en prie! C'est comme ça partout»
Et il continue:
«Cette année, il y a eu des indiscrétions dans quasi tous les gros dossiers»
Bon, là en l'occurence, c'est de lui dont on parle.
«Le rapport n'a pas indiqué comment ces indiscrétions ont eu lieu. D'ailleurs, vu comme l'enquête a été menée, il n'est pas surprenant que le rapport n'apporte pas de nouvelles conclusions»
Il clashe la commission, là?
Bref. Il était quand même au courant que son bras droit parlait presque tous les jours avec le boss du Blick?
«Bien sûr que je le savais»
Ah, on avance!
«J'ai aussi fait partie de ces contacts»
Ha-ha! Alors, il avoue?!
«Le chef de Ringier s'est impliqué pour combattre la pandémie et apportait des idées en ce sens. Par exemple, il y avait ce projet pilote pour la vaccination dans les grandes entreprises...»
Ce n'était pas la question, non?
«...Il y avait aussi Zurich assurances et Credit Suisse dans l'histoire...»
On se perd un peu, non?
«...Pour un projet de cette envergure, il faut mettre en place des contacts et des séances. J'étais présent à certaines de ces discussions»
Attends, mon coco, on parlait des fuites, là, non?
«Il y avait des contacts dans le cadre de la lutte contre la pandémie»
Mais il y avait contact étroit avec le boss du Blick, juste?
«Mon responsable de la communication avait des contacts avec le CEO de Ringier, mais aussi des conseillers d'Etat, des grands magasins, des clubs sportifs»
Discuter avec la Migros, le HC Ajoie ou le Blick, c'est quand même pas la même chose, non?
«Regardez le rapport de la commission de gestion. Elle a analysé des dizaines de milliers d'e-mails...»
On a compris. Mais il y a des infos confidentielles qui ont fuité vers la presse. Oui ou non?
«Je ne le savais pas. Je l'ai appris durant l'enquête»
Ah, on avance...
«C'était durant la crise du Covid. L'ambiance était intense. On ferait les choses différemment maintenant, il y a eu des erreurs»
Et donc?
«Selon le rapport de la commission, rien ne permet de lier les informations fournies par mon ex-chef de la communication à des affaires en cours à l'époque»
Il conclut sur le rapport de la commission: la boucle est bouclée. On n'en saura pas plus.
Peter Lauener a entre-temps quitté le DFI. Que pense Berset de lui?
«Il n'a pas compté ses heures, il a tout donné pour trouver des solutions pour sortir de la crise. Je suis reconnaissant pour tout ce qu'il a fait durant la pandémie»
Sa famille a d'ailleurs été menacée dans la foulée des révélations
«Il y a un lien direct entre ces articles et les menaces contre moi et ma famille. Une fois, nous avons reçu un ultimatum pour que je renonce à une décision politique, accompagnée du nom de mes enfants et de notre adresse»
Cela a dû peser
«Par deux fois, je me suis dit: "Je n'en peux plus, le prix à payer est trop haut"»
Et ensuite?
«J'en ai parlé ouvertement à la commission. Dans le rapport, elle dit douter qu'il y ait un lien entre les articles et les menaces. Cela m'a heurté»
Il ne pense donc pas que les fuites ont pu l'avantager lors des séances du Conseil fédéral?
«Je ne comprends pas cette logique. Ce narratif s'est imposé, mais c'est le contraire: ces indiscrétions ont affaibli le travail du DFI»
Quant à son départ du Conseil fédéral... cela doit bien avoir un lien avec ces enquêtes, non?
«Pas du tout»
Il avait encore indiqué le contraire il y a encore une année, mais bon
«J'ai toujours dit que je serais conseiller fédéral entre huit et douze ans»
«Incroyable talent»: Des vaudois qualifiés et un autre qui déçoit
Video: watson
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