Deux influenceurs français sont venus «dégauchiser» la Suisse
Au petit matin du 28 septembre, Mila et Colin, deux influenceurs français gravitant dans la sphère d'extrême droite, ont débarqué à Vevey armés de leurs bombes de peinture aérosol. Munis de masques et de gants, les deux acolytes (et leur équipe) ont effacé toute trace de plusieurs slogans soutenant la Palestine, tagués sur les murs de la gare CFF.
La scène, filmée et publiée ensuite sur leurs réseaux sociaux, a rapidement suscité une vive polémique en ligne. En fin de vidéo, après avoir célébré leur action, Colin nous rappelle que leur mission est de «dégauchiser» la Suisse.
Mila et Colin en action 👇
Colin et Mila ne sont pas des inconnus
Mila, influenceuse française d'extrême droite très active sur les réseaux, est devenue une figure médiatique controversée après des propos virulents. Alors âgée de 16 ans, elle publie une vidéo sur Instagram dans laquelle, répliquant à un individu qui la traite de «sale pute», «sale lesbienne» et «sale raciste» en mêlant l’islam à ses insultes, elle critique l'islam et qualifie le Coran de «livre de haine». Cette déclaration suscite une vague de cyberharcèlement massif, incluant menaces de mort ou de viols et insultes, la contraignant à se déscolariser et à vivre sous protection judiciaire.
Aujourd'hui, Mila continue à poster sur ses réseaux sociaux des slogans d'extrême droite et revendique ouvertement ses positions xénophobes.
Mila est proche du collectif Némésis, groupe identitaire d'extrême droite
De son côté, Colin Walks semble chercher à provoquer la controverse en multipliant les interventions spectaculaires dans l’espace public. Le personnage originaire du Sud de la France (selon son site) est établi dans le canton du Valais.
En effet, on lui doit une vidéo postée sur Instagram et X le 24 septembre, où on le voit en train de grimper jusqu’au balcon de l'Hôtel-de-Ville veveysan pour y décrocher le drapeau palestinien installé là par la municipalité. Il dénonce «un emblème de terrorisme local» et moque les partisans de gauche. La vidéo a largement circulé, présentée par Walks comme un «nettoyage» de l’espace public.
Colin Walks et ses revendications 👇
Les gauchistes ne comprennent ni la forme de mon acte, ni le fond.
— Colin Walks (@Colin_Walks) September 24, 2025
Sur la forme, j’ai retiré délicatement leur emblème d’une administration communale. 🇨🇭
Sur le fond, je n’ai pas attaqué la Palestine, j’ai retiré un emblème de leur terrorisme occidental. 🇵🇸
Ce sont des… pic.twitter.com/XMdEoH4ayY
L'action à la bombe de Mila et Colin s’inscrit donc dans un climat déjà tendu à Vevey. Début septembre, la ville a récemment été le théâtre d'une autre polémique: un tournoi de basket local avait fait couler beaucoup d'encre pour avoir accueilli une équipe israélienne.
Dans ce contexte, le passage des influenceurs n’apparaît pas comme un incident isolé, mais comme un épisode supplémentaire dans une série de tensions autour des questions politiques et identitaires qui agitent la commune.
Un couple récent
Depuis le décès de son ex-compagnon en mai dernier, Mila affiche sa relation avec Colin Walks. Les détails de leur rencontre restent inconnus, mais le duo a commencé à se montrer publiquement sur les réseaux sociaux à partir d’août dernier, affichant une complicité centrée sur leurs convictions politiques de droite. Le couple suscite de nombreuses critiques comme celle-ci:
Que dit la ville de Vevey?
Contactée, la Ville de Vevey a précisé que l’intervention visant à effacer le slogan «Free Palestine» aux abords de la gare s’est déroulée sur un espace appartenant aux CFF, et ne relève donc pas de sa compétence. Contactés, eux aussi, les CFF n'ont pas encore répondu.
Colin Walks a pris la parole aujourd’hui sur ses réseaux sociaux, évoquant un «nettoyage ethnique blanc» pour justifier son geste. Pour l’instant, l’influenceur n’a annoncé aucune autre opération similaire dans d’autres villes de Suisse.