L’ombre de Federer plane sur le budget de la Confédération
Le débat budgétaire touche à sa fin au Parlement fédéral. Alors que de nombreux postes ont déjà été clarifiés, des divergences subsistent entre le Conseil national et le Conseil des Etats en matière d'aide au développement. Combien de millions la Suisse devrait-elle consacrer à l'aide aux populations défavorisées d'Afrique, du Proche-Orient et d'autres régions?
Seize fondations suisses prennent désormais la parole. Elles ont rédigé une déclaration commune dont voici un extrait:
Dans le contexte mondial actuel, celle-ci est une «stratégie de sécurité durable et préventive». Publié sur LinkedIn par la Fondation Jacobs de Zurich, l'appel a également été signé par la Fondation Roger Federer.
La star suisse du tennis l'a créée en 2003 afin de développer des activités caritatives. Son objectif principal: garantir l'accès à l'éducation aux enfants défavorisés. Roger Federer, dont la fortune est estimée à un milliard de francs suisses, est aujourd'hui président du conseil de fondation.
La fondation de Federer intervient
Mais alors pourquoi cette dernière intervient dans le débat budgétaire actuel? Nous avons demandé à la Fondation une prise de position de la star du tennis, qui nous a répondu que le champion n'était pas disponible pour une déclaration personnelle et que l'appel n'avait pas été signé par des particuliers, mais par les organisations concernées.
De par sa fonction, Federer soutient toutefois pleinement cette démarche. Sa fondation souligne:
Le texte indique encore que les fondations suisses seraient incapables de compenser d'éventuelles coupes budgétaires fédérales: les fonds disponibles dans le secteur philanthropique étant tout simplement insuffisants. Les fondations suisses sont particulièrement pessimistes car le Parlement a déjà approuvé des coupes budgétaires il y a un an. Ces coupes ont déjà eu des conséquences négatives importantes, la Suisse s'étant retirée de programmes éducatifs et de projets d'aide humanitaire dans plusieurs pays.
Des coupes déjà en 2024
En effet, le Parlement a réduit de 110 millions les fonds alloués à la coopération internationale pour l'année en cours, dont 55 millions pour la coopération au développement. En 2026, l'exécutif prévoyait des coups de ciseaux supplémentaires à hauteur de quatorze millions. Le Conseil national veut aller plus loin: il souhaite soustraire 34,5 millions aux fonds alloués à la Direction du développement et de la coopération (DDC).
Le Conseil des Etats soutenait initialement la proposition du gouvernement. Mercredi, il a toutefois cédé en faveur de la Chambre basse. Celle-ci se prononcera à nouveau lundi. La Fondation Roger Federer et les autres fondations tentent donc d'alerter au milieu d'une phase critique.
Durant sa carrière, l'ex-sportif ne s'est jamais distingué par ses prises de position politiques. L'une des rares fois où il a pris position politiquement, c'était lorsque des militants pour le climat ont critiqué son contrat de sponsoring avec le Credit Suisse. Le porte-drapeau du sport suisse avait alors dit «prendre très au sérieux les conséquences et la menace du changement climatique».
En ce qui concerne le soutien aux enfants défavorisés, le Bâlois s'est déjà engagé dans le passé: en 2023, devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York, il a appelé la communauté internationale à investir davantage dans l'éducation. Il a critiqué le fait que les objectifs 2030 de l'ONU – chaque enfant doit bénéficier d'au moins une année complète d'éducation préscolaire – ne seraient pas atteints. «Nous sommes à mi-parcours et nous savons déjà que nous n'y arriverons pas. Par manque de financement».
Adaptation en français par Valentine Zenker
