Le Conseil fédéral et le Parlement veulent élargir les autoroutes à six endroits pour près de cinq milliards de francs. Une large alliance menée par l'Association Transports et Environnement (ATE) a lancé un référendum contre ce projet. Les citoyens devront donc se prononcer le 24 novembre.
Comme le trafic sur le réseau des routes nationales est souvent congestionné à certains endroits, on envisage d'élargir les autoroutes. Le plan d'aménagement de la Confédération prévoit six projets. Les coûts prévus s'élèvent à 4,9 milliards de francs.
Sur trois tronçons dans la région de Berne ainsi qu'en Suisse romande, l'autoroute A1 doit être élargie d'une voie par chaussée. En outre, trois nouveaux tunnels sont prévus en Suisse alémanique. En bref:
Tous les projets n'en sont pas au même stade. Les premières pelleteuses pourraient s'activer très vite entre Wankdorf et Schönbühl: une mise en service à partir de 2027 serait réaliste, selon la Confédération. Toutes les constructions devraient être achevées à la fin des années 2030, comme l'a annoncé le conseiller fédéral Albert Rösti. La date d'achèvement des projets dépendra également d'éventuels recours.
Selon le Conseil fédéral et le Parlement, la stagnation du trafic et les embouteillages entravent la mobilité de la population et nuisent à l'économie. En outre, lorsqu'il y a des bouchons sur l'autoroute, les véhicules se déportent vers les villes, les villages et les quartiers. Ce trafic d'évitement entraîne une augmentation des nuisances sonores et des gaz d'échappement ainsi que des perturbations du trafic local.
Un autre argument avancé par les partisans est celui de la sécurité. Les autoroutes sont en principe des routes sûres, car il n'y a pas de circulation en sens inverse. En revanche, les embouteillages et le trafic d'évitement entraînent davantage d'accidents. La suppression des goulets d'étranglement augmenterait donc la sécurité. L'alliance des partisans est large. Au Parlement, le Centre, le PLR et l'UDC ont soutenu le projet.
Une alliance de plus de 40 associations environnementales et des partis Vert'libéraux, Verts et PS se prononce contre le projet. De leur point de vue, la «folie des constructions» à coups de milliards ne résout pas les problèmes d'embouteillages – au contraire. Les aménagements entraîneront à long terme une augmentation du trafic, argumentent les opposants. Même l'Office fédéral des routes (OFROU) admet que l'extension en Suisse romande entraînera encore plus de trafic.
Pour l'alliance, l'extension à plusieurs milliards n'est en outre qu'un début. Le Conseil fédéral a déjà mis sur les rails parlementaires des projets à hauteur de 35 milliards de francs. Mais de nombreuses communes concernées s'opposent déjà à ces projets. La raison en est la pollution sonore et les gaz d'échappement. Du point de vue des opposants, les plans d'extension sont également en contradiction avec les objectifs climatiques.
L'alliance espère obtenir le soutien des agriculteurs. Leur calcul: si les projets aboutissent, les agriculteurs perdront des terres cultivables, et ils sont déjà montés aux barricades par le passé pour s'y opposer. Les chances d'une collaboration sont toutefois plutôt minces depuis que l'Union des paysans a conclu une alliance stratégique avec l'économie il y a deux ans. Les dés seront jetés cette semaine, lorsque la Chambre d'agriculture de l'Union des paysans donnera son mot d'ordre.
Pour circuler sur les autoroutes suisses, il faut s'armer de patience. Aujourd'hui, le nombre de véhicules circulant sur les routes nationales est plus de deux fois supérieur à celui de 1990, et le trafic bouchonne pendant plus de 48 000 heures par an. Et les prévisions de trafic de la Confédération dressent un tableau sombre pour l'avenir: d'ici 2040, plus de 450 kilomètres du réseau autoroutier seront régulièrement surchargés. Les experts de la Confédération s'attendent à de «graves goulets d'étranglement» dans les grandes villes et les agglomérations.
Selon les informations de la Confédération, tous les projets sont planifiés de manière à ce que la consommation de terrain soit la plus faible possible. Malgré cela, 53 hectares de surface seraient perdus. Parmi eux, 8 hectares de terres arables particulièrement fertiles sont concernés. Cela correspond à 14 terrains de football. Pour ces terres, les agriculteurs doivent être compensés avec la revalorisation d'autres surfaces. Pour compenser les atteintes à la nature et à l'environnement, des forêts seront reboisées, des mares seront créées pour les amphibiens et des prairies humides seront aménagées.
Les six projets d'aménagement sont financés par le Fonds pour les routes nationales et le trafic d'agglomération (FNTA). Celui-ci est principalement alimenté par la surtaxe sur les huiles minérales, la vignette autoroutière et l'impôt sur les véhicules automobiles. Les six projets ne grèveraient pas le budget de la Confédération.
Après une votation, on prépare la suivante. Le mois dernier, le Parlement s'est prononcé en faveur de l'élargissement de l'A1 à au moins six voies entre Berne et Zurich ainsi qu'entre Lausanne et Genève. Le Conseil fédéral soutient également cette demande. Les opposants issus des milieux de l'environnement et de la protection de la nature ont déjà pris position. Ils menacent de lancer un référendum contre ce projet à 10 milliards de francs. Mais il faudra encore attendre quelques années avant que le projet ne soit soumis au vote.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder