Le mois de novembre sera un mois politique mouvementé. Il commence par l'élection américaine entre Kamala Harris et Donald Trump. Et les Suisses, eux, doivent se prononcer, le 24 novembre, sur quatre projets contre lesquels un référendum a été lancé.
Il s'agit de sujets à forte teneur émotionnelle. Le temps est compté, mardi, déjà a eu lieu la première conférence de presse au cours de laquelle l'alliance de droite «Oui pour assurer le futur des routes nationales» a présenté ses arguments. De quoi s'agit-il en novembre et quelles sont les chances?
L'année dernière, la majorité conservatrice du Parlement a adopté un programme d'extension de cinq tronçons autoroutiers pour un montant de 5,3 milliards de francs. Il s'agit de trois projets de tunnels à Bâle, Schaffhouse et Saint-Gall ainsi que de deux extensions de l'A1 dans l'agglomération bernoise et au bord du Léman. Ce dernier projet est considéré comme un «cadeau» pour la Suisse romande.
Les associations environnementales, menées par l'Association transports et environnement (ATE), ont lancé un référendum contre cette mesure et l'ont déposé en janvier avec 100 000 signatures. Il est soutenu par le PS, les Verts et les Vert'libéraux. «Les projets d'extension ne résolvent aucun problème, mais aggravent davantage la situation du trafic», a fait savoir l'ATE lundi.
Les opportunités: les opposants auront la vie dure. Certes, l'électorat a tendance à être plus sceptique vis-à-vis de la construction de routes. Mais en 2016, 57% ont voté en faveur du deuxième tube du Gothard, malgré l'opposition des organisations environnementales. Quant au projet actuel, un sondage représentatif réalisé par watson l'année dernière a montré que 55% des personnes interrogées disaient certainement ou plutôt oui.
Deux des quatre projets de loi concernent le droit du bail. Sous l'impulsion de l'Association des propriétaires fonciers, le Parlement a décidé de faciliter la résiliation d'un contrat de location pour cause de besoin personnel. En outre, les sous-locations nécessiteront à l'avenir l'accord écrit explicite du bailleur. En cas «d'abus», il existe désormais un droit de résiliation extraordinaire.
Une alliance autour de l'association des locataires a lancé avec succès le référendum contre les deux projets. Et de nouveaux problèmes menacent déjà. Au Parlement, on s'efforce de rendre plus difficile la contestation du loyer initial. En outre, il devrait être plus facile pour les bailleurs de fixer les loyers selon les usages locaux et de quartier.
Les opportunités: les restrictions du droit de bail n'auraient pas la vie facile, même en temps «normal». C'est encore plus vrai dans le contexte actuel de pénurie croissante de logements et de hausse des loyers. Pour les deux projets, un non est programmé. Il est difficile de comprendre comment les partisans veulent les faire accepter à un «peuple de locataires».
Le quatrième projet rappelle, par son ampleur et sa complexité, l'échec de la réforme de la LPP. Jusqu'à présent, les traitements hospitaliers ambulatoires sont entièrement pris en charge par les caisses maladie. Pour les séjours stationnaires, les cantons paient 55%. Il est désormais prévu de mettre en place une formule unique. Sur l'insistance des cantons, les soins de longue durée ont en outre été intégrés.
Pendant des années, le Parlement a peiné avec le financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières (Efas) avant de réussir à le faire aboutir. Mais les syndicats ont lancé un référendum. Pour eux, la réforme donne trop de pouvoir aux caisses d'assurance maladie et ils mettent en garde contre une hausse des primes, notamment en raison des soins de longue durée.
Les opportunités: la menace d'un «choc des primes» est en fait une recette infaillible pour une défaite. Pourtant, la course est ouverte. Les partisans pourraient marquer des points avec les hôpitaux, dont certains se trouvent dans une situation financière difficile. L'expérience montre que le maintien d'un hôpital est souvent plus important pour les électeurs que les préoccupations liées aux primes.
De plus, les camps politiques sont divisés. Au sein de l'UDC, qui a voté majoritairement en faveur d'Efas au Parlement, il existe une forte tendance au non. Et contrairement à la LPP, la gauche n'est pas unanimement contre. Le congrès du PS a décidé de voter non, mais des voix importantes sont favorables à l'Efas. La conseillère nationale saint-galloise Barbara Gysi fait partie de ces voix.
Traduit et adapté par Noëline Flippe